pesticides - une évaluation approximative et lacunaire

Fin septembre 2017, malgré les alertes de l’Unaf (Union nationale de l’apiculture française) sur la dangerosité de la molécule, l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a autorisé deux pesticides à base de sulfoxaflor, le Closer et le Transform, au profit de Dow AgroSciences. Après avoir publiquement dénoncé ces autorisations et la manœuvre consistant à remplacer les néonicotinoïdes interdits dans la loi biodiversité par un « néonicotinoïde qui ne dit pas son nom », l’Unaf a demandé et a obtenu de l’Anses le dossier d’évaluation des deux produits.

Les caractéristiques du sulfoxaflor en font un pesticide très dangereux pour les abeilles : il est systémique, neurotoxique et, comme tel, a la capacité d’entraîner, même à faible dose, des effets sublétaux. Ces caractéristiques auraient dû conduire à une évaluation minutieuse de l’impact de ces produits sur les abeilles. Pourtant, une analyse attentive des dossiers révèle une évaluation lacunaire :

- Le document d’orientation appliqué pour l’évaluation des impacts sur les abeilles est obsolète, il date de 2002 et a été depuis largement critiqué par l’EFSA (l’Autorité européenne de sécurité des aliments) comme contenant des faiblesses majeures.

- L’Anses accepte d’autoriser le Transform en se basant sur des études réalisées avec le Closer, alors que les deux produits contiennent des ingrédients distincts, susceptibles de modifier la toxicité finale du produit.

- Il est inquiétant de constater que des effets sublétaux sont ignorés, alors que les impacts de ces mêmes effets sur la survie d’une colonie sont documentés depuis plus de 30 ans.

Il n’est pas acceptable que l’Anses et les autres agences nationales s’appuient sur des études qui ne sont pas à la hauteur des enjeux pour l’environnement et les pollinisateurs, dont l’abeille. Cette faiblesse de l’évaluation contraste totalement avec la rigueur scientifique qui a été exigée par exemple dans le cas de l’interdiction de pesticides néonicotinoïdes pour lesquels des années d’accumulation de « preuves scientifiques » irréfutables de leur nocivité ont été nécessaires.

Concernant les produits Closer et Transform, l’Unaf demande notamment que des tests de retour à la ruche soient mis en œuvre avant toute décision inhérente aux autorisations de ces pesticides.

Unaf
26, rue des Tournelles
75004 Paris
Tél. : 01.48.87.47.15
Site : www.unaf-apiculture.info