gazoduc France-Espagne - un projet purement politique

Le projet Step (South Transit East Pyrenees) peut être considéré comme la première étape du mégaprojet gazier Midcat (Midi-Catalunya), d’environ 500 km de long au total et évalué à 3 milliards d’euros. Le projet Step/Midcat est soutenu depuis longtemps par la Commission européenne, qui l’a reconnu comme d’intérêt commun dans sa troisième liste prioritaire.

En 2016, la Commission a confié une analyse coûts-bénéfices du projet Step à un bureau de consultant indépendant finlandais : Pöyry. Cette étude n’a pas été rendue publique. Michèle Rivasi, députée européenne écologiste, corapporteure sur la gouvernance de l’énergie au Parlement européen, a demandé l’accès à cette étude à la Commission européenne, qui a refusé, arguant de son intérêt économiquement sensible et demandant l’approbation des promoteurs du projet. Cette étude, dévoilée aujourd’hui, démontre très clairement que le projet n’est pas viable économiquement, qu’il n’a aucun intérêt pour la sécurité d’approvisionnement des deux pays.

« Les infrastructures gazières existantes dans les Pyrénées sont déjà sous-utilisées, même pendant les périodes de forte demande. S’il existait une demande réelle pour Midcat, le marché aurait déjà construit ces interconnecteurs. L’étude de Pöyry confirme que le projet Step est purement politique et ne repose sur aucune preuve scientifique. Cette publication jette de sérieux doutes sur les motifs utilisés pour justifier de nombreux autres projets gaziers dans la liste prioritaire de la Commission européenne qui rendent les projets PIC éligibles pour d’importants fonds publics.

En versant des milliards de fonds publics dans de nouvelles infrastructures de gaz fossiles, l’Europe nie ses engagements climatiques. Le gaz n’est ni une énergie bas-carbone, ni une énergie de transition. Investir dans de nouvelles infrastructures gazières nous enfermerait pour de nombreuses années dans notre dépendance aux énergies fossiles. L’argent des contribuables doit être bien dépensé et servir à assurer une transition vers la réduction de nos consommations d’énergie et les énergies renouvelables.

Je demande à la Commission européenne d’annuler ce projet et de lui retirer les financements publics donnés au nom des PIC (projets d’intérêts communs). Le financement européen doit se concentrer sur les investissements dans les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. L’élan pour mettre fin aux subventions aux combustibles fossiles est à portée de main ! », martèle Michèle Rivasi.