Le rendez-vous du mois

Jean-Marc Governatori

Nommé deux fois meilleur gestionnaire de France et détenteur du Trophée de l’emploi remis par le ministre des PME en 1997, on vous a souvent reproché votre fortune et vos convictions écologistes. À tort ?

De plus en plus de personnes s’aperçoivent que ce n’est ni la couleur de peau, ni la religion, ni l’âge, ni le sexe d’une personne qui en font sa qualité. Pour un niveau de compte en banque, c’est donc la même chose. L’important, c’est de gagner honnêtement son argent, tout autant que le dépenser avec conscience pour servir la planète et ses habitants, animaux, humains et végétaux. Comme de plus en plus de personnes, je donne le meilleur de moi-même… bref, je fais ma part.

 

Élections législatives, municipales, régionales, et même présidentielles, vous candidatez tous azimuts sous diverses étiquettes… Avec quel succès ?

Lorsque j’avais 14 ans, j’ai été sensible au rapport du club de Rome qui démontrait les dégâts de la croissance économique. Il y a plusieurs façons de résoudre les problèmes de la planète, l’action associative, l’action entrepreneuriale, l’art, l’exemplarité, la méditation, la prière, le sport… et la politique !

Je me suis donc présenté au maximum d’élections pour faire de la pédagogie et montrer qu’il existait une alternative crédible. J’ai eu mes meilleurs résultats électoraux lors des européennes 2019, j’étais délégué végétarien de la liste Europe Écologie Les Verts, nous avons fait un score historique et lors des dernières municipales, j’ai fait le meilleur score de France en liste 100 % écolo soutenus par aucun parti conventionnel (20 %).

 

En 2011, l’Alliance écologiste indépendante, une coalition de trois partis écologistes que vous avez cofondée, devient un parti politique. Indépendante de qui, de quoi ?

Nous sommes indépendants de toutes idéologies de droite ou de gauche, de toutes entreprises, de tous syndicats. Nous avons aujourd’hui un rôle capital de rassemblement de tous les mouvements politiques écologistes français.

 

En 2019, vous devenez référent végétarien sur la liste Europe Écologie Les Verts de Yannick Jadot aux européennes. Avez-vous été entendu, notamment sur les médecines alternatives qui vous sont chères ?

Vous savez que je suis effectivement très sensible aux médecines alternatives et complémentaires, à l’éduction à la santé, et évidemment à la qualité du bol alimentaire et à son volume. Laisser tranquille l’animal n’est pas qu’une question éthique, c’est aussi une question sanitaire, environnementale et de respect de l’espace humaine. Je suis de plus en plus entendu sur ce point par nos partenaires écologistes comme par les citoyens, car nous avons compris que la production d’un kilo de viande nécessite en moyenne 10 000 litres d’eau douce, ce qui est catastrophique, les pâturages impliquent la destruction de forêts, ce qui est aussi catastrophique et la consommation de viande est une créatrice directe de maladies comme le développement de zoonoses qu’on vit aujourd’hui avec le coronavirus. Tout est lié, ce type de médecine, le bol alimentaire, l’écologie et la santé.

 

Dans une récente tribune, vous dites que, face aux crises, il est urgent de bâtir une société sans dépendance à l’argent en s’appuyant sur quatre piliers. Quels sont-ils ?

D’abord, il faut être réaliste, la société du fric et les avancées technologiques n’ont rien résolu. La belle société, celle de demain, repose sur l’éducation à la santé, l’agriculture urbaine, une société où on se prête, on s’échange du temps, des biens et des compétences mais aussi une économie où on répare tout et recycle tout. Développer ces quatre piliers, cela peut commencer demain matin, et cela résoudra ce défaut cruel de liens humains, de problèmes liés au pouvoir d’achat et à la crise climatique, comme à la crise sanitaire.

 

Aujourd’hui, vous êtes président du groupe écologiste de Nice, votre ville natale. Quels projets portez-vous ?

Dans le système politique français, quand vous gagnez les élections, vous avez tous les pouvoirs, quand vous n’êtes pas premier, vous en avez très peu. Cela dit, mon passé entrepreneurial et associatif, mes 14 livres, dont 3 préfacés par Albert Jacquard, et mes résultats électoraux m’ont donné une légitimité qui influence et influencera de plus en plus. Je fais donc le maximum pour que ma région PACA devienne un modèle où la qualité de vie est exemplaire, la sobriété heureuse, où les systèmes d’échange local prospèrent, où les monnaies locales sont partout comme la potagérisation d’un maximum de lieux et l’autonomie énergétique. En bref, montrer que la société conventionnelle a vécu et que désormais, on peut vivre autrement !