pesticides et semences - fusion Dow-DuPont : la Commission européenne dit oui

Le 27 mars dernier, la Commission européenne a autorisé le projet de concentration entre deux entreprises américaines, Dow Chemical et DuPont, estimant qu’il ne restreignait pas le jeu de la concurrence dans le marché intérieur. Cette autorisation a été subordonnée à deux conditions : que DuPont vende une partie de son secteur pesticide et que Dow Chemical vende une partie significative de son activité pétrochimie. Ces deux conditions ont été imposées pour maintenir la concurrence et l’innovation dans ces domaines.

La Commission craignait que le projet de concentration, s’il était accepté en l’état, restreigne la concurrence par les prix et la diversité de l’offre sur plusieurs marchés de pesticides existants.

L’intérêt des pesticides pour les consommateurs et l’environnement resterait bien entendu à questionner… En quoi la concurrence permet-elle d’améliorer la sécurité d’un produit si ce dernier n’est pas évalué correctement ? Comment les agriculteurs peuvent-ils choisir sans avoir d’information détaillée et précise sur la nocivité d’un pesticide ? Confier la question de la sécurité à la libre loi du marché semble être un pari risqué.

La Commission n’a en revanche imposé aucune cession d’activités d’une des entreprises dans le secteur des semences, malgré une crainte « préliminaire ». La Commission européenne avait aussi souligné l’année dernière que l’entreprise née de cette fusion « occuperait l’une des principales positions sur le marché mondial des semences, devenant ainsi la plus grande entreprise intégrée dans l’industrie ». Elle a finalement conclu que cette fusion ne rendra pas plus difficile « l’accès des concurrents aux distributeurs de produits phytosanitaires et de semences ».

Ce n’est pas le seul projet de concentration dans le secteur de l’agrochimie, puisque deux autres fusions sont toujours en attente de l’accord de la Commission européenne : Monsanto-Bayer et Syngenta-ChemChina.

Deux cents organisations européennes demandent, dans une lettre ouverte conjointe, à la Commission européenne de « mettre fin aux plans de fusion » prévus dans le domaine agricole. Elles précisent que si ces trois fusions étaient réalisées, « seules trois entreprises contrôleraient 60 % du marché des semences et 70 % du marché des pesticides ».

Inf’OGM rappelle qu’actuellement au niveau mondial seul 32,5 % des paysans utilisent des semences certifiées. Ce qui signifie donc que la production et l’échange de semences paysannes sont encore majoritaires. Cependant, en Europe, les semences paysannes sont très peu utilisées, notamment car des verrous juridiques ont été mis en place pour en limiter l’usage et l’échange. Ainsi, une concentration accrue dans ce domaine fragilisera encore davantage la possibilité des agriculteurs et des transformateurs à exiger de ces entreprises de travailler sur certaines variétés. Et ces entreprises, a contrario, auront plus facilement la possibilité d’imposer leur semence du fait de l’absence de concurrence. Et si elles décident de ne plus mettre sur le marché que des semences issues des nouvelles techniques de modification génétique, qu’elles ne veulent surtout pas nommer « nouveaux OGM », les agriculteurs auront plus de mal à trouver des alternatives non OGM.

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