Nourrir la planète, sans l’empoisonner. Telle serait, au sens large, la définition de l’agriculture. Aujourd’hui, elle est tristement la plus grande responsable du réchauffement climatique… tout en le subissant.
Des crises, le secteur agricole en connaît. À l’heure où ces lignes sont rédigées se clôt le salon de l’Agriculture. Sur fond de remises de médailles et d’images fantasmées de l’agriculture, plusieurs plans ont été annoncés, dont une aide d’urgence pour l’agriculture bio : 10 millions d’euros pour les fermes en difficulté. Suite à cette annonce, des organisations professionnelles de la bio ont répondu en enterrant symboliquement le stand de l’Agence bio : 10 millions d’euros, c’est la somme ridicule de 166 euros par ferme.
À cette « aide » s’additionne en revanche un soutien de 750 000 euros à une nouvelle campagne de communication #BioRéflexe. Afin de briser les idées reçues sur le label AB, la campagne 2022, à destination du grand public, rappelait aussi que les produits bio étaient source de partage, de convivialité, et porteurs de sens.
Le ministère a également indiqué qu’un travail interministériel était en marche avec les collectivités locales pour atteindre l’objectif de 20 % de bio dans les cantines. Est-il à ce point amnésique pour avoir oublié que ce même objectif était déjà obligatoire à l’horizon 2012, et dernièrement, en janvier 2022 ?
Pendant que la baisse de consommation de produits bio affecte toute la filière des distributeurs et des producteurs, le gouvernement n’hésite pas à l’inverse à allouer des centaines de millions d’euros à l’agriculture conventionnelle et s’investit dans des projets en faveur de l’agro-industrie. Développement de l’élevage intensif, industrialisation de plus en plus de fermes, expansion de l’agrivoltaïsme, mainmise sur les semences, défense des mégabassines… Autant de sujets sensibles, mis en lumière dans notre dossier spécial, axant l’agroécologie comme unique issue.
Privilégier certains agriculteurs, et en défavoriser d’autres, c’est refuser de reconnaître le rôle pionnier de la bio (la vraie) dans un monde qui doit urgemment réagir et repenser son modèle agricole. Une, voire la solution au réchauffement climatique, serait de tourner le dos à l’agriculture industrielle et de favoriser une agriculture agroécologique, qui préserve la qualité des sols, des eaux, de la biodiversité, respecte les animaux et la santé des humains.
Quoi qu’il en soit, l’indignation des agriculteurs et agricultrices à l’annonce du plan d’urgence d’aide à la bio a mené au mouvement grandissant « Stop au mépris de l’agriculture bio ». Un bel élan de solidarité conduisant à une pétition rassemblant travailleurs et consommateurs bio pour réclamer l’équité avec une nouvelle aide du gouvernement, plus juste, afin de relancer la filière. Le militantisme, propre à la bio, lui, n’est pas encore enterré !
Lien vers le site et la pétition : www.stop-mepris.bio