Le rendez-vous du mois

Guillaume Meurice

Parlons peu mais parlons bio ! Guillaume Meurice, comment l’humoriste que vous êtes en est-il venu à consommer bio ?

On est fait de ce qu’on mange ! Est-ce qu’on a envie d’être fait de pesticides ? La réponse est non. Je ne juge pas les gens qui ont envie d’être faits de pesticides. Je participe au bon développement d’un organisme humain ! Je mange bio à la maison mais j’avoue que je ne mange quasiment jamais chez moi ; il m’est donc quasi impossible de manger bio à tous les repas : faut pas se mentir, on n’a pas des restaurants bio à tous les coins de rues ! Malgré tout, je considère que c’est un mouvement : plus les gens seront sensibilisés à l’alimentation bio, plus les restaurateurs vont se soumettre, puisque ce sont les consommateurs qui décident. Si les restaurants accueillent trente clients par jour qui posent des questions, qui demandent des ingrédients bio ou un plat végétarien, tu peux être sûre que la semaine suivante, ils vont s’adapter. Et il y a des gens qui mangent de la viande et qui peuvent se dire « tiens, on va goûter un plat végétarien ! ». Tout ça participe à ce mouvement évolutif justement.

Avez-vous l’habitude de sensibiliser, d’influencer les choix alimentaires de votre entourage ?

Pas vraiment influencer mais j’aime bien les taquiner. Par exemple, quand ils prennent un steak, je leur montre des photos d’animaux trop mignons qu’ils viennent de bouffer. Ils en ont marre, c’est une technique de persuasion qui repose sur le harcèlement moral. (Rires)

Les gens qui mangent mal le savent, non ? Et quand on le leur rappelle, ils peuvent difficilement dire le contraire ! Je n’ai pas de leçons à donner, le but n’est pas de dire que ceux qui ne mangent pas bio sont des méchants ! Je ne veux culpabiliser personne. Si j’étais président de la République, je commencerais par faire deux choses :

- J’arrêterais la dénomination « alimentation bio », je l’appellerais « nourriture ». Par contre, tout ce qui n’est pas bio, je l’appellerais « nourriture industrielle ».

- Je taxerais cette nourriture industrielle, et l’argent récolté servirait à subventionner la nourriture normale. Ce n’est pas très compliqué la politique, c’est de l’économie, finalement ! Nous sommes obligés de constater les choses, notamment la présence de grosses puissances qu’on appelle lobbies, et les lobbies agroalimentaires en France sont très costauds !

Mais que sont les lobbies face aux organismes de contrôle sanitaire, aux commissions d’enquête ? Comment se fait-il qu’au niveau gouvernemental les choses ne bougent pas ?

Encore faut-il qu’on écoute les lanceurs d’alerte ! Si quelqu’un se pointe avec un rapport et que le ministre lui dit « posez-le, je finis ma réunion et je le lirai » mais que cette réunion est avec un lobbyiste, il y aura un conflit d’intérêts… Les dangers sont pointés du doigt mais le rapport de force est ailleurs. Alors, c’est à nous, citoyens, de faire avancer les choses… Il n’y a rien à attendre du Gouvernement, les ministres sont coincés en fait. Je ne leur en veux même pas ! Par contre, il faut se rappeler que nous ne sommes pas du tout impuissants. On a réussi à nous faire croire que cela ne sert à rien, que rien ne bouge, mais c’est une stratégie pour conserver le pouvoir, rien de très nouveau depuis Le Prince de Machiavel.

Vos chroniques, vos one-man show vous servent à éveiller les consciences : jamais en panne d’idées ? ou êtes-vous parfois découragé ?

Sans doute qu’il y a des chroniques moins inspirées que d’autres mais jamais à court d’idées, c’est de l’actu : je tends des perches et je rebondis ! Je suis hyperpositif, confiant en l’avenir ! Je pense qu’il faut être le plus cohérent possible, on ne peut pas être parfait mais la cohérence est un horizon, et il y a moyen de s’en sortir sans souffrir des masses…

Quel a été le déclic ?

Mes parents sont écolos, j’ai vécu à la campagne, donc je n’ai pas spécialement de mérite. Ils ont toujours été sensibles à un mode de vie sain et j’ai grandi là-dedans…

Qu’aimez-vous dans la bio ?

Mes plaisirs gustatifs : des pâtes et du pesto, et le plaisir ultime : les pistaches ! Je mange des seaux de pistaches, en vrac. Il y a un petit côté civilisationnel dans la pistache : tu la décortiques, tu ouvres la coque pour en saisir la graine. Bon, j’ai théorisé la pistache parce que ça m’arrange.

Il faudrait du monde pour décortiquer la pistache, en cercle, autour du feu, se passant la graine : tout un concept !

Ouais, je vais demander à des potes de me décortiquer les pistaches en leur expliquant que c’est pour sceller notre tribu, pour le sens du relationnel fort ! Et puis, il en faut un autre qui jette les coques ! Tiens, ça me fait penser à « Est-ce que tu veux m’épouiller ? »…

Revenons à nos moutons, les coques on les jette dans un compost : c’est de la cellulose, alors on recycle… C’est un mini-effort à faire ; enfin, on ne peut même pas appeler ça un effort… Si on n’est pas capable de faire des petits gestes quotidiens comme le tri des déchets, alors là, oui, l’humanité est perdue !

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Marianne Pastre

Journaliste et praticienne de santé.

infos : www.viesanterieuresetloidattraction.e-monsite.com