Le rendez-vous du mois
Stéphane Lhomme
Mercredi 7 février 2018, la Cour des comptes a rendu un rapport à charge contre le compteur électrique Linky déployé par Enedis : qu’en est-il ?
La Cour des comptes dénonce le fait qu’Enedis va récupérer sur notre dos des milliards qui lui sont généreusement attribués par la CRE (Commission de régulation de l’énergie), une autorité administrative dite indépendante qui, en substance, décide de la façon dont l’argent de nos factures est utilisé et, en l’occurrence, de la façon dont est financé le programme Linky. La distribution de l’électricité, et donc les milliards engloutis par Enedis dans le programme Linky, est intégralement financée par les factures d’électricité des usagers.
Pourtant, ces nouveaux compteurs ne sont-ils pas censés supprimer le passage des techniciens pour le relevé des compteurs et réaliser des économies de service ?
Il est hélas exact que la mise en place des compteurs communicants va détruire des milliers d’emplois mais l’ensemble du programme est tellement coûteux qu’il n’y aura aucune baisse des factures pour les usagers… bien au contraire. D’abord, la durée de vie réelle des Linky est probablement de 5 à 7 ans, et non de 20 ans comme avancé par Enedis, alors que les bons vieux compteurs électromécaniques peuvent dépasser les 70 ans ! Il faudra donc régulièrement gaspiller des milliards pour renouveler les compteurs communicants. De plus, l’actualité montre que, dès que les Linky sont installés dans une zone, beaucoup de gens sont obligés de prendre un abonnement plus cher pour qu’ils ne disjonctent plus continuellement et beaucoup d’autres (parfois les mêmes !) voient leurs factures s’envoler sans pourtant n’avoir rien changé à leur mode de vie.
L’usager pourra-t-il tout de même accéder à sa consommation en temps réel, comme annoncé par Enedis, pour la gérer au mieux ?
Non, l’accès à la courbe de consommation n’est possible qu’avec 24 heures de décalage, ce qui, selon les experts, rend totalement illusoire la possibilité de « mieux gérer sa consommation », comme le prétend Enedis. De toute façon, tout cela relève d’une véritable mystification car, en réalité, consulter une courbe ne permet pas de faire des économies. Les gens qui sont dans la précarité et ceux qui ont une conscience écologique font déjà très attention à leur consommation et, parmi les autres, peu changeront leurs habitudes tant que l’électricité nucléaire sera vendue nettement au-dessous de son prix réel (prenant en compte le coût du démantèlement des centrales et de la gestion des déchets radioactifs, « légué » à nos enfants).
Que fera Enedis des données personnelles récupérées par le compteur ?
Il faut d’abord bien comprendre que les assurances qui nous sont données aujourd’hui, à savoir que les données collectées par le Linky ne seront utilisables qu’avec l’accord de l’usager, ne sont d’aucune valeur. En effet, une fois les compteurs installés (si nous nous laissons faire), il sera d’une facilité enfantine pour le Gouvernement en place de décréter que, finalement, ces données seront utilisables automatiquement. C’est carrément le président d’Enedis, Philippe Monloubou, qui explique dans une interview du Journal du Net que, désormais « Enedis est un opérateur big data qui exploitera bientôt 35 millions de capteurs ». Le big data, c’est la collecte et l’utilisation de toutes les données sur nous et nos vies, et les compteurs d’électricité, une fois remplacés par des Linky, ne sont pour eux plus des compteurs mais bien des capteurs chargés de collecter ces données. C’est Big Brother à domicile, comme prévu dès 1948 par George Orwell.
La Cour des comptes a-t-elle reconnu le coût sanitaire du Linky pour les personnes électrosensibles avec, notamment, le CPL, qui propagent les ondes dans les fils électriques des habitations ?
La Cour des comptes n’évoque la question des ondes que pour rappeler les études bien rassurantes produites par des agences d’Etat. Mais ces études ont été réalisées avec le CPL G1, alors qu’Enedis installe déjà du G3 (en attendant la suite). Mais surtout, personne ne parle de la mise en place des ERL (les émetteurs radio Linky), qui aura lieu dans un second temps et qui transformera les Linky en puissants émetteurs wifi ! En plus du CPL…
Combien sont les villes à avoir refusé le Linky ?
A ce jour, plus de 520 communes se sont positionnées contre les Linky ou au moins pour la liberté de refus, et ce malgré les procédures en justice administrative lancées par l’Etat et Enedis pour tenter d’empêcher les élus locaux de protéger leurs administrés.
Comment doivent procéder les consommateurs qui souhaitent refuser une telle installation ?
Si le compteur est dans votre logement (ou votre jardin bien fermé), vous êtes en position de force : même si vous n’êtes que locataire, Enedis n’a pas le droit d’entrer pour vous installer le Linky. Si le compteur est accessible, de nombreuses personnes le barricadent avec des grilles, des briques, etc. Attention à ne pas se laisser intimider par les mensonges des installateurs : non, on ne va pas vous couper l’électricité, ni vous faire payer d’amende, ni une somme mensuelle !