Médecin homéopathe, médecin du sport, ex-attachée de consultation à l’Insep (Institut national du sport, de l’expertise et de la performance) et médecin olympique, présidente de la Société des médecins homéopathes spécialistes, conférencière, elle enseigne l’homéopathie dans son école SEV (Santé Environnement Vie) et organise des colloques. Auteur de nombreux livres sur l’homéopathie, dont le dernier Homéopathie – le livre de référence pour se soigner au naturel (éd. Guy Trédaniel), elle nous livre ici son point de vue sur la tribune lancée par des médecins contre l’homéopathie.

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Le rendez-vous du mois

Martine Gardénal

Dans une tribune publiée dans Le Figaro le 18 mars dernier, un collectif de 124 médecins est monté au créneau contre les médecines alternatives en général, et l’homéopathie en particulier, en souhaitant l’exclusion de « ces disciplines ésotériques du champ médical ». Quelle mouche les a piqués ?

Ce sont effectivement 124 personnes, médecins et non-médecins, qui ont signé cette tribune (parfois à l’aide d’un pseudo… quel courage !) simultanément dans le Figaro, le Journal international de médecine et deux chaînes de télévision. Je pense que, pour eux, savoir que plus de 40 % de Français utilisent ces médecines et que le chiffre augmente chaque jour en énerve beaucoup. Savoir quelle mouche les a piqués, ils n’ont pas donné leur source de documentation mais cela n’est pas très difficile à imaginer quand on connaît la pression des lobbies pharmaceutiques.

En sus de l’homéopathie, quelles autres médecines alternatives sont citées dans cette tribune ?

Ce sont toutes les thérapeutiques dites « alternatives » qui ont été ciblées, mais avec plus de hargne contre l’homéopathie. Les propos tenus dans ce document du Figaro sont gratuits, à la limite de la décence et portent atteinte à des confrères honnêtes, respectables et médecins dans l’âme.

Ces médecins fondent leur argumentation sur l’absence de bases scientifiques prouvant leur efficacité. Vrai ou faux ?

Il est facile de dire qu’il n’y a pas de preuve scientifique d’efficacité, quand on ne les cherche pas. Par exemple, pour les plantes, il y a bien longtemps qu’on en connaît l’utilisation. D’une manière empirique, les anciens avaient parfaitement compris à quoi pouvait servir telle ou telle plante, et cela a été vérifié par le résultat clinique et des études scientifiques. Pour les thérapies plus subtiles comme l’homéopathie ou l’acupuncture, les résultats cliniques sont là et parlent d’eux-mêmes. La physique explique très bien ces résultats.

Nos patients retrouvent souvent la santé et s’y maintiennent avec nos thérapeutiques et ils sont chaque jour de plus en plus nombreux à venir vers nous. Je trouve irrespectueux et méprisant de sous-entendre qu’ils sont tous des malades psychosomatiques, et qu’un placebo suffit pour tout remettre en ordre. Je vous rappelle qu’il s’agit à ce jour de plus de 40 % de la population française…

Le collectif réclame « la fin du remboursement des soins, médicaments ou traitements issus de disciplines refusant leur évaluation scientifique rigoureuse » ainsi que de « ne plus reconnaître d’une quelconque manière les diplômes d’homéopathie, de mésothérapie ou d’acupuncture comme des diplômes ou qualifications médicales ». Autrement dit, on éradique…

Je n’ai jamais entendu un seul confrère refuser une évaluation scientifique. Il suffirait d’adapter les protocoles à nos thérapeutiques car les études randomisées en double aveugle ne peuvent s’appliquer à nos thérapeutiques holistiques, qui concernent l’humain et pas la maladie. C’est la raison pour laquelle les autorités refusent des protocoles qui nous seraient propres car il est évident que les laboratoires ont peur de ce qu’ils risquent de découvrir.

Malgré tout, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’est déclarée favorable au maintien du remboursement de l’homéopathie même si, dit-elle, cette médecine a « probablement un effet placebo » : « Si cela peut éviter des médicaments toxiques, je pense que nous y gagnons collectivement, ça ne fait pas de mal. » Quelle est la position de l’Ordre des médecins ?

Heureusement, notre ministre maintient le remboursement des soins en homéopathie, qui représente une part infime du budget de la Sécurité sociale : 2 % des frais de l’Assurance maladie.

Quant à l’Ordre des médecins, il ne s’est pas exprimé à la suite de la publication de cette tribune. Par contre, il intente, depuis des dizaines d’années, des procès aux médecins homéopathes pour charlatanisme et pratiques dites « non conformes à la science », et les condamne systématiquement avec une vision d’allopathes alors que ces derniers n’y connaissent rien.

Donc un feu de paille, juste un énième épisode d’une guéguerre sans lendemain ?

Effectivement, un énième épisode d’une « guéguerre » qui perdure depuis des années, menée par des personnes qui oublient que l’allopathie est parfois dangereuse (15 000 décès par an officiellement), même si elle sauve des vies tous les jours. Il est grave de voir au XXIe siècle des esprits « sclérosés » ayant perdu toute curiosité scientifique (au sens novateur du mot), qui se cramponnent à des acquis et comportements d’une époque dépassée. Il ne faut pas oublier que ces thérapeutiques existent, pour certaines, depuis plus de 4 000 ans et depuis plus de deux siècles pour l’homéopathie, gage de leur efficacité. Le grand public ne s’y trompe pas : il n’hésite pas à aller de l’avant et à choisir les thérapeutiques qui lui font du bien, rien ne pourra l’arrêter.

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Jean-Pierre Camo

Directeur de la publication et romancier

La saga du vinland
De Jean-Pierre Camo, éd. Alphée, 472 p., 2008.

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