Le rendez-vous du mois

Anne Portier

Depuis sa création en 1981, l’OMNES encadre la profession de naturopathe en France. Combien compte-t-elle d’adhérents à ce jour ? Et sur quels critères les sélectionnez-vous ?

Pour l’année 2019, nous sommes environ 1 200 adhérents naturopathes, tous diplômés d’écoles reconnues par l’OMNES. C’est-à-dire que le cursus d’enseignement est au minimum de 1 200 heures en présentiel. Une douzaine d’écoles sont agréées par l’OMNES.

Chaque naturopathe est déclaré à l’Urssaf, souscrit une assurance professionnelle et respecte une charte éthique interne à l’OMNES (secret professionnel, neutralité, honoraires libres mais raisonnés, formation continue obligatoire, pas de vente pyramidale ni de consultations dans des locaux commerciaux…).

Vous ne recommandez pas telle ou telle école de naturopathie aux futurs étudiants, mais sur quels critères les sélectionnez-vous ?

Nous ne pouvons pas conseiller telle ou telle école car elles ont chacune leurs spécificités. Même s’il y a des matières communes, certaines écoles sont plus tournées vers l’hygiène vitale, d’autres vers le psychosomatique, d’autres encore vers les réflexologies… Nous leur conseillons simplement un cursus d’au moins 1 200 heures en présentiel.

Vous travaillez depuis toujours à la reconnaissance de cette profession. Auprès de qui ? Et avec quels résultats ?

Dans les années 1990, nous sommes allés rencontrer nos députés respectifs pour essayer de nous faire reconnaître en France car, depuis 1978, la naturopathie était référencée à l’OMS (conférence de Alma Ata). C’est un député belge, Paul Lannoye, qui a fait reconnaître au Parlement européen en 1997 la naturopathie comme médecine non conventionnelle. Avec d’autres regroupements professionnels (Association pour la promotion de l’hygiène vitale et de la naturopathie – APHN, Association professionnelle des naturopathes francophones – APNF) et avec la FENA (Fédération française des écoles de naturopathie), nous avons créé un « Collectif naturopathie » pour regrouper nos forces et agir ensemble à cette reconnaissance, que nous espérons toujours dans un avenir proche : nouvelles rencontres avec députés et sénateurs… A ce jour, pas de reconnaissance des pouvoirs publics et parfois du découragement mais une lueur nous redonne espoir : depuis avril 2017, une école de formation de conseillers en naturopathie située dans le Var a obtenu son inscription dans le RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles) !

Mais le plus grand réconfort vient des personnes qui consultent les naturopathes qui, depuis des années, sont mieux dans leur corps, dans leur vie, et nous encouragent à continuer… Pour nous, actuellement, c’est la meilleure des reconnaissances !

En Europe, d’autres naturopathes se sont aussi regroupés depuis maintenant cinq ans, et nous travaillons actuellement avec eux sur une norme européenne.

A l’international, cela bouge aussi, et l’OMNES fait aujourd’hui partie de la WNF (World Naturopathic Federation), qui travaille entre autres avec l’OMS sur les soins de santé primaire.

Quels rapports l’OMNES entretient-elle avec l’Ordre des médecins ?

Aucun ! Car notre profession n’est ni médicale ni profession de santé ! Par contre, il nous arrive de plus en plus souvent de travailler avec des médecins généralistes ou spécialistes : intervention en milieu hospitalier, en clinique, participation à des groupes pluridisciplinaires, échanges de pratiques…

Comment avez-vous convaincu certaines mutuelles d’intégrer cette discipline dans leurs complémentaires santé ?

On a eu affaire à des dirigeants de mutuelles très ouverts à la prévention, qui ont bien compris qu’elle était plus économique ! Mais, en ce moment, c’est un gros chantier : nous y travaillons assidûment !

Quelles garanties offre l’agrément OMNES aux personnes qui viennent consulter un naturopathe ?

Chaque naturopathe adhérant à l’OMNES signe une charte et s’engage à se former en permanence. Dans chaque région, il rencontre ses confrères et consœurs deux fois par an pour des « covisions ». Nous restons en contact avec les délégués de région, mais nous ne contrôlons pas nos semblables. Cependant, si un problème se pose, les personnes qui vont consulter un naturopathe peuvent nous appeler et, là, nous intervenons.

Où les malades peuvent-ils trouver ces praticiens agréés par l’OMNES ?

Sur le site naturopathe.net, chaque praticien est répertorié par région et département. Beaucoup de rendez-vous sont pris de cette manière, par mail ou par téléphone.

Dans votre dernier livre, Soins d’urgence au quotidien, vous rappelez aux familles les bases de la naturopathie et proposez des solutions simples et naturelles pour soulager 70 des pathologies courantes. Une bonne façon de prendre sa santé en main ?

Oui, bien sûr ! Il vaut mieux essayer les remèdes naturels avant l’artillerie lourde ! Si j’ai accepté d’écrire ce livre, c’est à cause d’un constat que j’ai pu faire avec mes années de pratique : on ne sait plus gérer une blessure, une fièvre, un mal de ventre, une toux, et on se précipite aux urgences pour des situations qui auraient pu être traitées sans panique à domicile ! Autrefois, ces remèdes étaient transmis de génération en génération avec succès. Aujourd’hui, avec presque 40 années de pratique, il important pour moi de transmettre ce savoir, que j’ai appris dans ma famille et lors de mes études de naturopathie à l’Institut d’hygiène et de médecines naturelles (IHMN).

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Jean-Pierre Camo

Directeur de la publication et romancier

La saga du vinland
De Jean-Pierre Camo, éd. Alphée, 472 p., 2008.

infos : www.biocontact.fr