hypocrisie - Foodwatch dénonce la politique commerciale européenne

Le fossé se creuse entre les beaux discours d’Emmanuel Macron pour une nouvelle politique commerciale de l’Union européenne et une « Europe qui protège » (que Foodwatch appelle de ses vœux), et la réalité.

Le rapport « Le commerce à tout prix ? », publié le 7 février par les ONG Foodwatch et PowerShift, révèle le scénario catastrophe des cinq accords en cours de négociations entre l’Europe et le Japon, le Vietnam, l’Indonésie, le Mexique et le Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay et Uruguay). Ce rapport met en effet en lumière les menaces sur la protection des droits sociaux, des consommateurs et de l’environnement, sur l’agriculture et l’alimentation (importations de viande, normes sur les pesticides, OGM, etc.), ainsi que sur nos processus démocratiques.

Les cinq projets d’accords de libre-échange étudiés présentent des risques très similaires à ceux dénoncés pour l’accord avec le Canada (CETA). Avec de tels accords, nous ne pourrons plus en Europe décider démocratiquement de nos normes, comme interdire de nouveaux OGM ou décider des seuils de résidus de pesticides dans notre alimentation.

Voici trois exemples tirés de l’étude « Le commerce à tout prix ? » :

Importations de viande de bœuf et de soja d’Amérique latine : l’accord Mercosur entraînerait une augmentation importante de la production et des exportations de viande de bœuf, ainsi que de soja et tourteaux de soja vers l’Union européenne. Or, dans cette région, l’impact du développement de l’élevage et de l’agriculture intensifs sur la déforestation et l’utilisation massive d’herbicides comme le glyphosate sont bien connus.

Pesticides et Japon : le Japon utilise plus de pesticides que l’Europe. Avec le projet d’accord de libre-échange, des produits alimentaires avec des niveaux de résidus de pesticides plus élevés pourraient être importés dans l’Union européenne, au détriment du principe de précaution européen.

Huile de palme en provenance d’Indonésie : l’Indonésie est le plus grand producteur d’huile de palme au monde, et espère augmenter ses exportations vers l’UE avec l’accord en cours de négociation. Cet accord pourrait ainsi aggraver l’impact catastrophique de l’expansion de plantations de palmiers à huile en Indonésie sur la forêt, le climat et les droits sociaux. Cela est d’autant plus vrai que cet accord, comme les autres, n’a pas de chapitre sur le développement durable contraignant.

« Les droits sociaux, la protection des consommateurs, l’environnement et les principes démocratiques sont sacrifiés sur l’autel du libre-échange, au détriment des populations. Nous ne sommes pas opposés aux accords de commerce, mais à condition qu’ils servent l’intérêt général, et non pas les intérêts particuliers des multinationales. L’Union européenne doit réformer en profondeur sa politique commerciale, et la France doit en faire un objectif prioritaire », conclut Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch France.

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