noyautage - comment l’industrie des pesticides édicte ses propres règles

Sur douze méthodes d’évaluation des risques des pesticides étudiées dans le dernier rapport du Pesticide Action Network, publié en collaboration avec l’ONG Générations futures, il s’avère que onze ont été développées ou promues par l’industrie !

Problème : des effets délétères observés dans des tests sur des animaux peuvent être ignorés avec ces méthodes. Ainsi :

- des tumeurs mises en évidence sur des animaux peuvent être classées comme « non pertinentes pour l’homme » ;

- des résidus de pesticides dangereux dans l’eau peuvent être classés comme « acceptables » ;

- la mort de 50 % de populations d’insectes et d’abeilles non ciblées après des pulvérisations, considérée également comme « acceptable », et les exigences pour la protection de la vie aquatique affaiblies.

Ces méthodes sont conçues pour éviter l’interdiction de pesticides dangereux et ont pour conséquences d’affaiblir la protection du public et de l’environnement.

L’industrie, notamment l’International Life Sciences Institute (Ilsi) – un lobby industriel –, a non seulement conçu ces méthodes mais est également parvenue à infiltrer, dans 75 % des cas étudiés dans ce rapport, les panels d’experts comme ceux de l’Agence de sécurité sanitaire européenne (EFSA) et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour que leurs méthodes soient adoptées. L’OMS et l’EFSA n’ont pas mis fin à cette infiltration de l’industrie et ont maintenu cette situation de conflits d’intérêts.

De même, les régulateurs n’ont pas mis assez de distance entre eux et l’industrie. Dans 50 % des cas étudiés, les régulateurs et l’EFSA ont tenu des réunions en tête-à-tête avec l’industrie au sujet des méthodes d’évaluation, en l’absence de toute autre partie prenante !

Pesticides Action Network Europe et Générations futures demandent à l’OMS, à la Commission européenne et à l’EFSA de faire étudier toutes les méthodes d’évaluation actuelles par des scientifiques indépendants reconnus et spécialisés dans ce domaine. La mise en place d’une politique renforcée sur les conflits d’intérêts dans les panels d’experts est également urgente.

Le fait que les maladies chroniques continuent de croître, comme les cancers hormonodépendants de la prostate et du sein, et que l’effondrement des écosystèmes (abeilles, oiseaux, insectes…) dans les zones agricoles soit presque total est un signe clair de la faillite du système d’évaluation des risques des pesticides, selon Pesticide Action Network Europe et Générations futures.

Générations futures

179, rue Lafayette

75010 Paris

Tél. : 01.45.79.07.59

Site : www.generations-futures.fr