nucléaire - nouvel incident à Tricastin

Dans un communiqué publié le 4 février 2019, EDF a fait état d’un incident intervenu le 3 février lors des opérations de maintenance sur le réacteur n° 2 de la centrale nucléaire du Tricastin (Drôme). Elle indique que, lors du retrait des « éléments internes supérieurs », un assemblage combustible est resté accroché au système de maintien. Cet incident a entraîné un arrêt de ces opérations et la fermeture du bâtiment réacteur.

L’assemblage de combustible irradié est en effet resté suspendu de manière imprévue au-dessus des 156 assemblages encore présents dans le cœur du réacteur nucléaire. Sa chute pourrait entraîner des ruptures de gaines des crayons de combustible nucléaire et un relâchement de substances hautement radioactives dans l’eau du circuit primaire, puis, par dégazage, dans l’air du bâtiment réacteur et dans l’environnement. Rappelons que, si l’air du bâtiment réacteur est en théorie filtré avant rejet à l’atmosphère, les dispositifs de filtration ne retiennent pratiquement pas certaines substances radioactives sous forme gazeuse comme le xénon 133, le xénon 135, le krypton 88, le krypton 85, le tritium, etc. En cas de chute, on peut s’interroger également sur les risques de criticité. Cet incident présente également des risques importants pour les travailleurs sur le site.

Il s’agit d’un incident très rare au niveau mondial. C’est pourtant la troisième fois en onze ans qu’il se produit sur la tranche 2 du site du Tricastin. La Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) a joint le service communication d’EDF afin d’obtenir des précisions techniques. Comme lors de précédents incidents, ce service refuse de répondre en direct et demande que les questions lui soient adressées par écrit.

Avec le soutien des collectivités locales, le laboratoire de la Criirad gère un réseau indépendant de surveillance de la radioactivité de l’air en Rhône-Alpes et en Avignon. Les balises Criirad les plus proches du site du Tricastin sont celles de Saint-Marcel d’Ardèche (environ 7,5 km au sud-ouest) et Avignon (un peu plus de 40 km au sud). Au nord, il s’agit de la balise de Montélimar (27 km au nord).

Les contrôles effectués en continu et en temps réel par les balises Criirad n’ont révélé pour l’instant aucune anomalie. Il importe cependant de souligner que, s’agissant de mesures instantanées, les limites de détection et seuils d’alarme sont relativement élevés. Ce dispositif est conçu en effet pour détecter immédiatement de fortes augmentations de la radioactivité de l’air nécessitant la mise en œuvre de mesures de protection. Il n’est pas dimensionné pour repérer des rejets radioactifs d’importance limitée, même si les analyses en différé des filtres aérosols et cartouches à charbon actif permettent une détection plus fine.

Criirad

29, cours Manuel de Falla

26000 Valence

Tél. : 04.75.41.82.50

Site : www.criirad.org