compromis - serres chauffées bio : oui mais pas avant le muguet !
Le 11 juillet dernier le Comité national d’agriculture biologique (CNAB) s’est prononcé sur l’avenir des serres chauffées bio après deux mois de campagne contre le chauffage menée par la Fnab (Fédération nationale d’agriculture biologique) avec le Réseau Action Climat, la Fondation Nicolas Hulot et Greenpeace France. Avec 22 voix pour et 15 voix contre, le CNAB a voté un premier encadrement du chauffage pour les serres biologiques. Si ce compromis, proposé par le ministère de l’Agriculture et soutenu par la Fnab, n’interdit pas totalement le recours au chauffage en bio, il le limite très fortement et pose une première limite au risque d’industrialisation de l’agriculture biologique. Jusqu’à aujourd’hui, il n’y avait aucun encadrement de l’utilisation du recours au chauffage dans les serres bio, cette décision est donc une avancée significative.
Que dit la décision du CNAB : les fruits et légumes biologiques d’été cultivés sous serres chauffées ne pourront pas être commercialisés avant le 1er mai de chaque année. De plus, dès le 1er janvier 2020, tous les nouveaux projets de serres chauffées bio devront avoir recours à 100 % d’énergies renouvelables, et toutes les serres qui chauffent aujourd’hui devront passer en 100 % renouvelables d’ici à 2025. « Pour un légume comme le concombre, on est dans la saison, donc il n’y aura plus besoin de chauffage, or c’est le second légume cultivé sous serre chauffée ! Pour la tomate ou le poivron, il y aura encore un peu de chauffage mais on va diviser par deux la consommation d’énergie et imposer le tout-renouvelable », explique Jean-Paul Gabillard, producteur de légumes en Bretagne et secrétaire national légumes à la Fnab.
Pendant cette campagne, 80 000 signataires, 70 chefs cuisiniers de tous horizons dont le chef engagé et triplement étoilé Olivier Roellinger, 20 associations, 100 parlementaires ont lancé un véritable cri du cœur au ministre de l’Agriculture pour le maintien d’une bio éthique et durable.
Deux visions du développement de l’agriculture biologique s’opposent. « En voulant autoriser sans limite le chauffage des serres pendant tout l’hiver, les coopératives agricoles et les chambres d’agriculture proposent un projet d’artificialisation de l’agriculture biologique. C’est un non-sens éthique et une impasse agronomique que nous rejetons », conclut Guillaume Riou, président de la Fnab.