nucléaire - ruthénium 106 : stop à l’incertitude !

A la fin du mois de septembre, plusieurs réseaux européens de surveillance de la radioactivité ont repéré dans l’atmosphère des traces radioactives sous la forme de ruthénium 106, un produit issu de l’industrie nucléaire. En France, l’Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) concluait : « Les niveaux très faibles de contamination atmosphérique en ruthénium 106 observés à ce jour par les réseaux européens de surveillance sont sans conséquences pour l’environnement et pour la santé. Néanmoins, l’IRSN maintient une vigilance de surveillance sur cette présence de ruthénium dans l’air. »

En octobre, les simulations basées sur les données de mesure et les conditions météorologiques, menées par l’IRSN mais également vérifiées par d’autres experts internationaux, montrent que la zone de rejet la plus plausible se situe entre la Volga et l’Oural, mais sans être en mesure de préciser la localisation exacte du point de rejet. De son côté, la Russie nie toute responsabilité et Rosatom, l’Agence fédérale russe de l’énergie atomique, assure dans un communiqué qu’« aucune trace de ruthénium 106 n’a été découverte, à part à Saint-Pétersbourg », ce qui est d’ailleurs difficile à comprendre. Le 20 novembre 2017, en contradiction avec les déclarations de Rosatom, l’agence de météorologie russe Rosguidromet finit par communiquer sur une pollution « extrêmement élevée ».

Réaction de Michèle Rivasi, eurodéputée Europe Ecologie et cofondatrice de la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) :

« Comme le ruthénium 106 n’est normalement pas détecté dans l’air, sa présence ne peut être due qu’à une libération incontrôlée. Il n’y a pas eu d’autres radionucléides artificiels mesurés en Europe, cela exclut un accident dans une centrale nucléaire. La source la plus probable est un site de traitement de combustible nucléaire ou un centre de médecine radioactive. »

« Quelques mois après cette détection, il est anormal de rester dans cette incertitude totale. Comme le relève la Criirad, les données publiées par l’agence russe de météorologie soulèvent des questions. Les niveaux de dépôt au sol mesurés près de Mayak sont de 100 à 1 000 fois inférieurs à ceux annoncés par la modélisation de l’IRSN. Or il a été estimé par l’IRSN que les rejets sur le site lui-même auraient été significatifs – entre 100 et 300 terabecquerels – et que si un accident de cette ampleur s’était produit en France, l’évacuation ou la mise à l’abri auraient été nécessaires pour les personnes vivant dans un rayon de plusieurs kilomètres autour du site de l’accident. »

« A ce jour, aucun pays n’a informé l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de l’origine de cette libération, bien que cela soit requis par la convention de 1986 sur la notification rapide d’un accident nucléaire. L’OMS et l’AIEA ne peuvent rester silencieuses. La Commission européenne a également un rôle à jouer en prenant des mesures de précautions, notamment sur le contrôle des aliments importés. »