Le rendez-vous du mois
Jacques Réjalot
Bénévole au conseil d’administration de WWOOF France, Jacques Réjalot produit du vin naturel et bio, pratique l’agroforesterie et commercialise en circuit-court sur le marché bio de Villeneuve-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne. Il initie des WWOOFeurs et WWOOFeuses depuis des années et, comme on le voit sur la photo, a même créé une cuvée spéciale pour les remercier ! Un passionné, qui aime aussi réunir les fermes WWOOF voisines pour resserrer les liens en trinquant ensemble.
Le WWOOFing (World-Wide Opportunity on Organic Farms) a démarré en Angleterre au tout début des années 70, et s’étend maintenant dans plus de 130 pays. Racontez-nous l’histoire de ce mouvement unique, qui permet de vivre et apprendre dans des fermes bio et paysannes.
Sue Coppard, la secrétaire anglaise qui est à l’origine du mouvement, ne se doutait pas que le WWOOF deviendrait un réseau mondial ! En 1971, elle travaillait à Londres et vivait mal cette déconnection avec la nature et le vivant. Elle s’est dit qu’elle aurait tellement plus à donner et à apprendre en passant ses week-ends dans des fermes plutôt qu’à faire du shopping. Les fermes bio étaient à taille humaine et leur vision du monde s’accordait à la sienne. Elle a commencé par mettre des petites annonces dans des journaux spécialisés dans le bio, et le WWOOFing était né ! Ce succès immédiat montre bien l’importance vitale de notre lien à la terre.
Mis à part les frais d’adhésion pour inscrire sa ferme ou avoir accès aux fermes accueillantes, le WWOOFing est une activité totalement gratuite, il n’y a pas de rémunération à la clé. D’ailleurs, la question a longtemps été posée de savoir si le WWOOFing constituait ou non du travail dissimulé. La pratique a-t-elle dû être encadrée pour éviter les abus ?
D’abord, l’association passe beaucoup de temps à expliquer le projet à ses adhérents. Pour se préserver des dérives, et bien faire comprendre que le WWOOFing n’est pas « le gîte et le couvert contre du travail », nous avons établi la Déclaration de WWOOFing, un document à lire tranquillement ensemble et à signer à l’arrivée sur la ferme. Elle explique le cœur de l’échange en WWOOFing.
Finalement, le WWOOFing, c’est un échange de bons procédés ? Une nouvelle forme de tourisme pour expérimenter des vacances solidaires et écologiques ? Ou bien, avant tout, un apprentissage singulier ?
La Déclaration de WWOOFing reprend bien la philosophie de l’accueil en WWOOFing : le bénévole est accueilli comme on accueille un ami qui donne son temps libre pour venir nous aider. C’est la gratitude et la reconnaissance réciproque qui sont moteurs, pas la recherche d’un bénéfice en nature. Le bénévole participe aux tâches agricoles mais aussi à la vie quotidienne, repas, ménage domestique, soirées… Comme le ferait un copain !
Depuis combien de temps accueillez-vous des WWOOFeurs ?
Cela fait plusieurs années. Avoir un novice à nos côtés, c’est avoir une vision renouvelée qui permet d’améliorer sans cesse notre travail au gré des séjours de celles et ceux qui s’installent dans notre espace, partagent nos passions et découvrent nos pratiques. Les gestes qui aboutissent à la création d’une bouteille de vin sont la mémoire et l’expérience des vignerons qui restent les guides permanents. Et partager, cela oblige à s’exprimer, se justifier, parfois rédiger et plus encore à s’exposer à la critique. Jusqu’à créer des cuvées originales, pur fruit de nos rencontres. Il arrive que quelques-uns embrassent le métier de vigneron mais, ce qui est sûr, c’est que tous deviennent de formidables ambassadeurs de notre façon de faire.
Doit-on être un minimum expérimenté en agriculture avant de partir en WWOOFing ?
Les seuls critères indispensables sont les suivants : être curieux, prêt à s’adapter à un mode de vie qui n’est pas forcément le sien, avoir l’envie sincère d’apporter son aide à une forme d’agriculture soucieuse du vivant.
WWOOF France a lancé en 2019 le programme WWOOFing Solidaire qui a pour objectif d’accueillir des demandeurs d’asile en milieu rural. Aujourd’hui, est-il toujours en œuvre ?
Il s’agit d’un programme d’immersion de quelques jours pour les demandeurs d’asile (personnes en attente de régularisation) dans des fermes familiales en milieu rural. Le but est avant tout de créer du lien humain et social et de permettre à ces personnes « coincées en ville » de découvrir un mode de vie et une façon différente de se nourrir. Nous travaillons avec des associations spécialisées et des fermes WWOOF très investies dans l’accueil.
Des conseils pour un WWOOFing réussi ?
En voici 5 !
1. Se parler au téléphone avant de valider un séjour : comprendre les attentes de l’autre en lui posant des questions ouvertes. Comment voyez-vous l’organisation d’une journée ? Quelles sont tes attentes ?
2. Prendre un temps ensemble à l’arrivée : s’assoir pour faire connaissance, parler de l’organisation des journées et signer la Déclaration de WWOOFing.
3. Être à l’écoute, comprendre le rythme et les valeurs de la vie sur place avant de foncer tête baissée dans l’action. C’est le meilleur moyen de trouver sa place et d’établir un rapport de confiance réciproque.
4. Suivre les formations : l’association organise des visios en ligne. Il suffit de s’inscrire sur notre site Internet wwoof.fr.
5. Demander conseil : en cas de doute sur une situation, nous sommes joignables du lundi au vendredi de 9 h à 12 h au 09.70.26.63.36 pour discuter librement. Vous pouvez aussi nous écrire par e-mail à support@wwoof.fr.