Le rendez-vous du mois

Isabelle Goetz

Pouvez-vous nous présenter l’association PETA, dont vous êtes la porte-parole ?

Il y a trente-cinq ans, PETA Etats-Unis a été créée et, petit à petit, des affiliations internationales, dont PETA France, se sont ajoutées. C’est la plus grande ONG de défense animale au monde, avec plus de 5 millions de sympathisants autour du globe. L’action de PETA se fonde sur quatre thèmes principaux : l’élevage industriel, l’élevage d’animaux pour la fourrure, les expérimentations animales et les spectacles avec des animaux. Le principal objectif de PETA est d’informer le public de la souffrance animale par le biais de campagnes publicitaires, d’enquêtes secrètes, de sauvetage d’animaux… Notre leitmotiv : « Les animaux ne nous appartiennent pas ! »

N’est-il pas trop difficile de mener toutes ces actions de front ?

Au début, c’était très difficile, on était marginalisé, simplement parce qu’on avait de la compassion. Quand on voit la souffrance d’êtres qui ne peuvent pas, par la parole, communiquer leur souffrance, quand on est témoin de cela, on ne peut pas détourner le regard ! C’était émotionnellement très difficile au début, et médiatiquement aussi : nous n’étions pas aussi sollicités que maintenant ! Aujourd’hui, on est entré dans une ère où il devient légitime de défendre les animaux, ce qui n’était pas forcément le cas il y a quelques années. Mais les choses changent finalement assez vite. Et cela fait un bien fou !

Pour moi, le plus difficile est de remettre en question sa propre identité, basée sur des habitudes imposées par un conditionnement sociétal loin d’être irréprochable. La culture repose sur des rituels, et les repas en font partie. La désinformation aussi a une grande part de responsabilité sur le sort des animaux. Il y a énormément de brouillard autour de la question. C’est lucratif. Mon but est d’ouvrir les consciences sans culpabiliser. Ne vivrait-on pas tout aussi bien si tous les êtres vivants n’étaient pas exploités ? Le modèle animal est partout et pourtant il ne correspond pas à nos besoins profonds. Il est très difficile de renverser un système qui repose sur le profit et l’habitude.

Une de vos forces réside dans le soutien de nombreux artistes…

Les artistes sont de véritables aimants médiatiques et, quand on a un message, il très important de capter l’attention d’un maximum de gens. Pour communiquer, certains artistes ont la bienveillance de se joindre à nous et de prêter leur voix. Ils exercent une réelle influence sur les gens qui ne se seraient pas nécessairement posé la question du bien-être animal sans eux ; ils peuvent toucher par leur implication le cœur d’autres personnes, un peu comme un effet boule de neige.

Une de nos campagnes les plus mouvementées était réalisée avec Zahia, qui a été une catapulte médiatique : elle a été critiquée pour son côté provocateur mais je suis très fière de cette campagne car énormément de gens sont venus nous remercier pour leur avoir montré la réalité sur le parcours de l’animal jusqu’à notre assiette. Nombreux ont eu des révélations grâce à ces images. Et beaucoup arrêtent de manger de la viande, pas seulement pour défendre la cause animale mais aussi pour des raisons de santé ou des questions environnementales, bref pour arrêter tout ce carnage.

Quelle est votre philosophie bio ?

Respecter tout le monde. Il ne faut pas utiliser nos envies comme excuses pour de prétendus besoins. Je pense que le meilleur repère qu’on puisse avoir, c’est être bon, tout simplement, et faire les choses avec son cœur. Et je suis persuadée que les gens aiment profondément les animaux, même ceux qui en consomment la viande ; nous sommes en plein dans la dissonance cognitive car beaucoup ne font pas le lien avec la nature, le vivant, et restent plus connectés à leurs habitudes qu’à leur conscience.

A travers les réseaux sociaux, on peut suivre vos combats mais aussi vos découvertes, vos coups de cœur : vous aimez beaucoup voyager, découvrir. Vous êtes plutôt plage ou sac à dos et excursions ?

J’aime beaucoup me perdre (rires)… J’aime bien me perdre dans des endroits où il fait chaud. Je suis allée en Afrique du Sud dans le parc Kruger et c’était absolument magique. Malgré la question du braconnage, voir les animaux libres, voir la nature faire son travail sans notre intervention, ça ressource. La nature n’a pas besoin de nous.

Comment peut-on vous soutenir ?

En partageant nos pétitions, nos campagnes : avec l’impact et la rapidité des réseaux sociaux, c’est très efficace et cela prend peu de temps. Chaque voix compte, chaque petit geste. Je me disais au tout début de mon implication dans PETA que je ne verrai pas le changement de mon vivant, et j’avais tort : le changement est là, ce qui est en train de se passer est énorme, participez-y, c’est tout simplement l’évolution, soyez au rendez-vous !

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Marianne Pastre

Journaliste et praticienne de santé.

infos : www.viesanterieuresetloidattraction.e-monsite.com