glyphosate : encore un déni de science

L’Agence européenne des produits chimiques (ECHA) a décidé de maintenir la classification existante du glyphosate : toxique pour la vie aquatique mais toujours pas de classification comme cancérogène, malgré des preuves scientifiques encore plus solides qu’en 2015 lorsque le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’OMS a classé glyphosate comme « probablement cancérogène pour l’Homme ».

Peter Clausing, toxicologue et membre de la coalition d’ONG Ban Glyphosate, déclare : « Afin de parvenir à sa conclusion, l’ECHA a dû rejeter les découvertes sur les tumeurs observées dans cinq études de cancérogénicité chez la souris et sept études chez le rat. Ce faisant, l’ECHA a non seulement violé les bonnes pratiques scientifiques, mais aussi ses propres lignes directrices et même la réglementation européenne, comme le démontrent plusieurs articles évalués par des pairs. De plus, afin de parvenir à sa conclusion, l’ECHA a dû rejeter (ou ignorer) un grand nombre de preuves à l’appui provenant d’une variété de publications révisées par des pairs nouvelles et déjà existantes. Cela comprend notamment des études en laboratoire décrivant le mécanisme cancérogène du glyphosate, ainsi que des études épidémiologiques faisant état d’un risque accru de dommages à l’ADN et de cancer chez les personnes exposées au glyphosate. »

Une fois de plus, l’ECHA s’est appuyée unilatéralement sur les études de l’industrie. Ceci en dépit du fait qu’un examen récent des études de l’industrie sur les effets néfastes du glyphosate sur l’ADN par des scientifiques de l’Institut de recherche sur le cancer de Vienne est arrivé à la conclusion que seules deux des 35 études de l’industrie examinées peuvent être considérées comme « fiables », 15 autres seulement comme « partiellement fiables » et 18 de ces études ont dû être classées comme « non fiables », en raison d’écarts substantiels par rapport aux lignes directrices applicables aux tests.

Désormais, la balle est dans le camp de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA). Il y a quelques jours à peine, elle a annoncé qu’elle n’était pas en mesure de respecter le calendrier d’évaluation du glyphosate et qu’elle aurait besoin d’une année supplémentaire pour évaluer l’ampleur des commentaires et des études soumis dans le cadre de la consultation publique, jusqu’en juillet 2023. L’EFSA doit maintenant évaluer la multitude d’études faisant état d’effets nocifs du glyphosate sur l’environnement, tels que les dommages causés aux abeilles et autres insectes, aux amphibiens, ainsi qu’à la vie et à la fertilité du sol.

Générations futures

179, rue Lafayette

75010 Paris

Tél. : 01.45.79.07.59

www.generations-futures.fr