Le rendez-vous du mois

Sabine Matraire

Créée il y a 31 ans, l’association milite pour la protection de l’ours brun dans les Pyrénées. À l’origine des premiers lâchers, vous faites partie de celles et ceux qui ont lutté contre le déclin de l’espèce. Racontez-nous.

Au début des années 1980, la France se soucie enfin réellement du devenir de sa population d’ours. Mais il est bien tard, les populations sont relictuelles et celle des Pyrénées centrales ne tarde pas à s’éteindre au tout début des années 1990.

C’est alors que l’association Pays de l’Ours-Adet est née, le 13 novembre 1991, sous l’impulsion de communes haut-garonnaises dont Melles.

Pays de l’Ours-Adet est le maître d’œuvre des lâchers de 1996-1997, et également partenaire de l’État pour les lâchers réalisés en 2006.

L’association a participé à la préparation des lâchers d’ours réalisés dans les Pyrénées centrales (choix et préparation des sites de lâcher, organisation, communication…).

À ce jour, 11 ours en provenance de Slovénie ont été lâchés dans les Pyrénées.

Aujourd’hui, l’association est composée de quatre collèges (élus, professionnels, associations, particuliers) qui œuvrent :

– pour ne pas laisser disparaître une espèce aussi prestigieuse et emblématique que l’ours brun des Pyrénées, élément reconnu du patrimoine national et européen ;

– conserver ainsi le témoin et le garant de la qualité exceptionnelle d’un environnement jusqu’ici préservé ;

– créer un élan économique et touristique par la promotion et la valorisation des activités grâce à l’image de l’ours.

Construire, plutôt que détruire…

À ce propos, l’association organise également des sorties nature allant de la balade familiale à la randonnée à la journée, pour partir à la découverte de l’ours. Mieux le connaître, est-ce aussi une façon de déconstruire les préjugés à son sujet ?

Toutes nos sorties sont encadrées par un·e animateur·rice spécialisé·e ou par un accompagnateur en montagne diplômé, membre du Réseau Ours brun ; vous pouvez réserver une sortie à la journée sur le massif de Paloumère (une sortie programmée par semaine en juillet-août [sur demande d’avril à novembre pour les groupes]). Nous proposons également des balades familiales pour découvrir les traces des animaux et notamment de l’ours, au départ d’Arbas.

On entend en effet tout et n’importe quoi sur l’ours. Il est vrai que ses capacités physiques et cérébrales lui autorisent des comportements individuels parfois étonnants. L’ours brun est aussi de ces espèces qui ont suscité de nombreux mythes, histoires et légendes.

Notre proximité physique notamment a induit et alimenté des croyances uniques dans l’hémisphère nord, comme l’interfécondité (Jean de l’Ours), mais aussi un possible lien de parenté, ascendant (l’ours serait l’ancêtre de l’Homme) comme descendant (l’ours serait en fait un homme déchu…).

Les sorties sur le terrain organisées par l’association permettent en effet de transmettre des informations claires et objectives au grand public. Mieux connaître pour mieux accepter…

Pourquoi prélever des ours en Slovénie dans le but de les réintroduire ici ?

Il est nécessaire de prélever les animaux dans un autre pays, au sein d’une population sauvage d’ours bruns au statut sanitaire irréprochable et dont les caractéristiques se rapprochent le plus possible de celles de nos ours autochtones. En outre, le pays doit disposer d’un accès aisé, de compétences scientifiques reconnues et d’une stabilité politique garantie. De 1996 à 2018 (date des derniers lâchers), la Slovénie représentait le meilleur compromis entre les différents critères.

En juin, un ours a été aperçu près d’un hameau de la commune d’Oust (Ariège). Doit-on se questionner ou s’inquiéter de sa présence si près des habitations ? L’habitat pyrénéen est-il toujours favorable à l’ours ?

La nuit notamment, en l’absence de toute présence humaine, il arrive qu’un ours s’approche d’habitations, comme le font des cerfs ou des sangliers. Cela ne constitue pas pour autant un danger, l’ours fuyant à la première perception de présence humaine. Rappelons que l’ours est un opportuniste et se déplace en fonction de la ressource alimentaire. Au printemps, l’herbe est plus abondante en basse altitude et l’ours aime brouter.

Toutes les études montrent en effet que le massif pyrénéen reste très favorable pour l’ours. Les experts estiment qu’au moins 250 ours pourraient vivre dans les Pyrénées. 76 ours ont été détectés en 2022.

Que faire si l’on tombe nez à nez avec un ours en randonnée ?

Rester calme. Ne surtout pas chercher à l’effrayer, ce qu’il interpréterait comme une agression ; se manifester calmement s’il ne vous a pas repéré, s’éloigner sans courir en lui ménageant un chemin de fuite. Ne pas chercher à faire un selfie avec l’ours bien évidemment…

Les anciens conseillaient aux enfants de parler à l’ours en étant poli avec lui afin de ne pas l’offenser. Ces conseils restent pertinents, en ce qu’ils impliquent calme et respect.

 

Pour tout savoir sur la population d’ours dans les Pyrénées : www.tablours.paysdelours.com

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Sabine Matraire

Pays de l’Ours-Adet

Maison des associations

31160 Arbas

Tél. : 05.61.97.48.44

infos : www.paysdelours.com