Le rendez-vous du mois

Xavier Gisserot

Xavier Gisserot est cofondateur de l’association Hameaux légers. Depuis 2019, il accompagne la création d’écohameaux accessibles financièrement pour permettre à toutes et tous d’habiter de manière durable et solidaire.

Comment est né Hameaux légers ?

L’association naît en 2017 de la rencontre entre des élus ardéchois et des architectes, rejoints par un groupe de jeunes actifs qui s’engagent dans le développement du projet. Leurs constats : se loger coûte de plus en plus cher, l’urbanisation doit réduire son impact sur le climat et l’artificialisation des sols, tandis que l’étalement urbain transforme certaines communes en cités-dortoirs.

L’association souhaite permettre à toutes et tous d’accéder à la propriété d’un habitat écologique et créateur de lien social. Elle développe alors un concept d’urbanisme et d’aménagement qui s’inscrit comme une alternative viable et enviable aux lotissements en béton : le hameau léger. Aujourd’hui, elle accompagne quinze projets, emploie dix salariés, trois services civiques et compte près de 1 000 adhérents.

Qu’est-ce qu’un hameau léger, en fait ?

Un hameau léger est un écohameau à petit budget qui contribue au dynamisme local. Concrètement, une commune loue un terrain communal à un collectif d’habitants désireux de s’installer et de s’investir sur le territoire. Le collectif et la commune définissent ensemble les conditions de conception de ce nouveau lotissement, accompagnés par l’association dans la maîtrise d’ouvrage.

Sur le terrain, chaque foyer vit dans un habitat individuel, peu coûteux et peu consommateur. Des espaces communs sont mutualisés et cogérés entre habitants, par exemple une chambre d’amis ou une buanderie. Sans fondations en béton, l’impact sur le climat, les sols et la biodiversité est très faible.

Finalement, impulser la création d’un hameau léger, c’est aussi une manière de redynamiser des territoires en accueillant de nouveaux habitants et en diversifiant l’offre de logements. Comment les communes accueillent-elles ces projets ?

Aujourd’hui, de plus en plus de collectivités nous sollicitent pour accueillir des hameaux légers plutôt que des lotissements conventionnels. Avec la loi ZAN (zéro artificialisation nette) et les différentes problématiques auxquelles il répond, le hameau léger est un modèle qui parle aux élu·es. À Saint-André-des-Eaux (Loire-Atlantique) par exemple, les habitants du hameau du Placis ont repris l’Éprouvette, épicerie et bistrot du village. Cet exemple parmi d’autres donne le cap à d’autres communes qui regardent dans cette direction.

Concernant les nouveaux habitants potentiels, ce sont plus de 600 personnes qui candidatent à chaque appel à projets ! Cet engouement nous permet d’être bien identifiés par les communes, d’acquérir leur confiance et de développer de nouveaux projets.

Si je suis intéressé·e par la création d’un collectif, mais que je ne connais personne… quelle est la marche à suivre ?

Tout d’abord, nous suivre pour découvrir toutes les occasions de nous rencontrer et de créer des synergies ! Une carte collaborative permet aussi d’identifier les terrains disponibles, les hameaux légers créés ou en cours de création, les professionnels, mais aussi les personnes souhaitant créer ou rejoindre un collectif. Enfin, nous avons créé une formation gratuite en ligne qui regroupe l’ensemble des connaissances acquises par l’association autour de la création de hameaux légers. Ces ressources sont également disponibles dans un livre qui vient de paraître aux éditions Ulmer.

Hameaux légers propose différents formats d’expériences collectives et pour le moins originales. De quoi s’agit-il ?

Ces formats visent à sensibiliser, relier, élargir les horizons, enrichir les réflexions et les débats autour des hameaux légers et des valeurs qu’ils véhiculent.

Avec Les Palourdes, le festival de l’habitat alternatif, nous nous adressons à tous les publics en proposant un moment festif et convivial avec des conférences, ateliers, concerts… La troisième édition aura lieu du 7 au 9 juin prochain à Saint-André-des-Eaux.

Le Week-End des Possibles est un programme de deux jours pour rencontrer des personnes intéressées par la création d’un hameau léger sur un territoire donné, et pourquoi pas commencer à constituer un collectif autour d’un projet commun.

Enfin, le Chemin des Possibles, une randonnée qui réunit chaque année depuis sept ans une trentaine de marcheurs sur cinq semaines, avec pour simple but de vivre dans l’instant, de rencontrer de beaux territoires et de belles personnes.

Le 14 octobre, l’association a inauguré l’Écocentre Hameaux légers à Saint-André-des-Eaux. Racontez-nous.

Nous avons créé ce tiers-lieu en début d’année et souhaitions le présenter au public. Notre intention est de mettre à disposition l’Écocentre et ses trois bâtiments fixes, ses sept habitats réversibles, mais aussi son jardin naturaliste pour nous rencontrer, nous former, et expérimenter ensemble des « manières d’habiter » écologiques, abordables et vivantes pour les territoires. Nous tenions aussi à raconter l’histoire du lieu, entièrement conçu par un couple d’artistes en plusieurs années et de leurs propres mains.

Plus de 500 personnes ont participé aux ateliers low tech et aux visites des micro-habitats, du jardin, du hameau du Placis et de l’Éprouvette. Trois artistes se sont succédé pour animer la soirée. Un moment fort en émotions et en partage, grâce à la participation d’une trentaine de bénévoles et membres de l’association.