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Coprésidente de l’association Recrue d’Essences basée à Cunlhat dans le parc national du Livradois-Forez (Puy-de-Dôme), mère, comédienne et également impliquée dans d’autres associations locales.

Recrue d’Essences milite pour des forêts diversifiées, vivantes et durables. Comment est née cette aventure collective ?

Nous avons été une dizaine de personnes en 2018 à nous réunir face au constat d’une industrialisation de la filière bois. Les coupes rases et les pratiques forestières dictées par le rendement plus que par le respect de la matière première et de son milieu laissent derrière elles les sols nus et asphyxiés, les cours d’eau saccagés. Nous voulions réagir de façon positive, en faisant, en apprenant, en montrant qu’il est possible de faire autrement.

Justement, quelle est votre approche de la sylviculture ? Quelles pratiques défendez-vous ?

Nous défendons une sylviculture mélangée à couvert continu (SMCC). Il s’agit d’une méthode de gestion qui, tout en prélevant du bois, maintient un couvert forestier, un sol, un habitat, un écosystème. Elle permet l’amélioration des peuplements, la régénération naturelle et le maintien des biotopes tout en assurant une rentabilité économique. Il s’agit en effet de prélever moins, mais plus régulièrement, en faisant appel à la filière bois locale : des gestionnaires forestier•es aux scieur•ses, en passant par les bûcheron•nes ou les débardeur•euses à cheval ou mécanisé•es. Nous organisons des événements tout public afin de promouvoir ces pratiques sylvicoles : balades naturalistes ou botaniques, conférences, spectacles ou inventaires de parcelles. Nous adhérons au Réseau pour les alternatives forestières (RAF) et en sommes l’une des branches locales. Ce réseau national vise à transformer les pratiques forestières vers une sylviculture douce, en connectant et en soutenant les porteur•euses d’initiatives.

Grâce à l’épargne citoyenne, l’association a acquis environ 50 ha de forêts. Que faites-vous de ces parcelles ensuite ?

Nous commençons par visiter, inventorier, répertorier les parcelles. Nous avons suivi des formations pour aiguiser notre œil et notre jugement. Nous ouvrons souvent ces diagnostics au plus grand nombre afin d’apprendre les un•es des autres. À l’aide d’un gestionnaire forestier, nous prévoyons un plan simple de gestion (PSG) qui permet de planifier les travaux et coupes de nos parcelles sur une quinzaine d’années. Nous avons d’ailleurs déjà fait faire une coupe sur une parcelle d’épicéas en bord de rivière et une prochaine est prévue cet automne. Si nous sollicitons l’épargne citoyenne en partie, nous répondons aussi à des appels à projets de fondations ou de budgets participatifs.

Vous intervenez dans un milieu où la filière bois est particulièrement active. Votre démarche est-elle perçue comme dérangeante localement ?

La question forestière est sen- sible et clivante, tant en matière de modes de gestion que de propriété. Tout le monde ne partage pas notre idéal forestier, mais nous sommes malgré tout perçus comme un acteur sérieux. Et beaucoup nous soutiennent !

Vous avez réalisé un clip, Dooggy, sur l’air de Pookie d’Aya Nakamura, pour dénoncer l’exploitation intensive des forêts et de la monoculture. Le refrain : « Blah blah blah blah, Dooggy/ Ne plante pas que du Dooggy dans l’sol. » C’est quoi, le « Dooggy » ?

C’est le petit nom du Douglas, une espèce de résineux très plantée dans notre région et globalement sur le territoire national. Sa monoculture (comme toutes les monocultures) entraîne des pertes de biodiversité importantes. Nous sommes d’ailleurs actuellement en train de préparer un nouveau clip !

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