études - le glyphosate induit des effets sanitaires sur trois générations chez le rat

L’équipe de Michael Skinner, de l’université Pullman de l’Etat de Washington, aux Etats-Unis, vient de publier deux articles majeurs.

Le 23 avril dernier, une étude mettait en évidence un effet du glyphosate transmis via le sperme sur trois générations de rats pour la prostate, l’obésité, le rein, les ovaires et les anomalies à la naissance. Fait notoire, les effets surviennent plus particulièrement chez les arrière-petits-enfants alors que les effets sur la génération des parents et des enfants sont négligeables. Ces effets surviennent à des expositions inférieures de moitié à la norme recommandée par l’Agence de protection de l’environnement des Etats-Unis et correspondent à des expositions constatées chez l’humain. L’article s’appuie sur une analyse sophistiquée des modifications épigénétiques du sperme.

Le 19 février, un autre article mettait en évidence, suite à une exposition à la vinclozoline, pesticide utilisé en viticulture et désormais interdit, une augmentation des anomalies de la prostate chez les arrière-petits-enfants, avec la même mise en évidence des mécanismes de la transmission épigénétique via le sperme.

Coauteur de 241 études référencées, Michael Skinner n’en est pas à son coup d’essai. Dès 2005, son équipe publiait ce type de résultat sur trois générations pour la vinclozoline pour la fertilité, puis en 2007 pour le choix des partenaires sexuels par les femelles (les arrière-petites-filles « préféraient » les mâles dont l’arrière-grand-mère n’avait pas été exposée). En 2012, cette méthode était utilisée avec un mélange de deux phtalates (DEHP et DBP) et de bisphénol A. Résultats : anomalies de la puberté, maladie testiculaire, obésité, insuffisance ovarienne et syndrome des ovaires polykystiques étaient en augmentation chez les arrière-petits-enfants par rapport aux témoins de la même génération. En 2013, une autre étude mettait en évidence un effet d’obésité liée à l’exposition à du DDT, un puissant insecticide, sur la troisième génération.

Ces résultats confirment que les perturbateurs endocriniens ne sont pas des substances chimiques comme les autres. Ils sont un enjeu majeur de santé publique en raison de la transmission transgénérationnelle. Dans la mesure où les grandes maladies chroniques en augmentation dans le monde aujourd’hui peuvent être pour partie la conséquence d’exposition remontant aux arrière-grands-parents, cela rend encore plus urgente la nécessité de protéger les générations futures en éliminant les perturbateurs endocriniens sans tergiverser comme on le voit avec le glyphosate. Mais c’est également vrai pour les phtalates ou le bisphénol A, qui malgré des premières mesures d’interdiction contaminent encore très largement la population.

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