liste rouge - la surpêche des requins mise en évidence

Le groupe de spécialistes des requins (GSR) de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) a publié le 21 mars ses nouvelles évaluations pour l’inscription sur la Liste rouge de 58 espèces de raies et de requins, dont 17 sont considérées menacées d’extinction. Ces résultats s’inscrivent dans un projet mondial visant à évaluer les tendances des populations grâce à une série d’ateliers d’experts, dont le premier portait sur les espèces australiennes et les espèces océaniques du monde entier. « Nos résultats sont alarmants, mais n’ont rien de surprenant. En effet, nous constatons que les requins, qui ont une croissance particulièrement lente et ne bénéficient pas de mesures de protection contre la surpêche, sont généralement les plus menacés », déclare Nicholas Dulvy, coprésident du GSR, professeur à l’université Simon-Fraser (Canada). « Un des cas les plus préoccupants est celui d’un requin rapide et emblématique, le requin-taupe bleu, que nous avons évalué comme étant “en danger”, parce que sa population est gravement épuisée dans le monde entier. Elle a notamment connu un déclin de 60 % dans l’Atlantique en l’espace d’environ 75 ans. » Son cousin, le petit requin-taupe, intègre également la catégorie « en danger ». Les requins-taupes migrent sur de longues distances, ne se reproduisent pas avant la fin de leur deuxième décennie, et sont prisés dans de nombreux pays tant pour leur viande que pour leurs nageoires. Ils ne font pourtant pas l’objet de quotas de pêche internationaux. L’importance de la gestion des pêches est soulignée par les 41 évaluations mises à jour pour la Liste rouge des raies et des requins d’Australie, un pays leader de la conservation des requins. « Plus de la moitié des espèces australiennes évaluées ont été classées “de préoccupation mineure” grâce, en grande partie, à l’application de limites de captures », déclare Peter Kyne, chercheur à l’université Charles-Darwin et coordinateur de l’autorité pour la Liste rouge, le GSR. « Les menaces qui pèsent sur les raies et les requins ne cessent d’augmenter. Pourtant, les pays du monde entier ne se montrent toujours pas à la hauteur de leurs engagements de conservation, en particulier en ce qui concerne les limites de captures minimales », explique Sonja Fordham, présidente adjointe du GSR travaillant pour Shark Advocates International, un projet de The Ocean Foundation. Pour inverser cette tendance et faciliter la reconstitution des raies et des requins, le GSR demande l’adoption immédiate de limites de captures nationales et internationales, ainsi que des interdictions totales du débarquement des espèces évaluées comme « en danger » ou « en danger critique d’extinction ». Nous devons agir au plus vite.

Les nouvelles évaluations de la Liste rouge pour les requins australiens et océaniques sont disponibles sur www.iucnredlist.org.  

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