cosmétique - des perfluorés dans le rouge à lèvres

Si l’on sait que le khôl et le surma contiennent du plomb tout comme certains rouges à lèvres et teintures pour les cheveux, selon une nouvelle étude du Green Science Policy Institute, publiée le 15 juin 2021 dans Environmental Science & Technology Letters, basée sur le test de 231 produits de maquillage commercialisés aux États-Unis et aux Canada, près de la moitié des mascaras, rouges à lèvres et fonds de teint testés seraient contaminés par les perfluorés (PFAS). Pire, ces produits chimiques toxiques dits « éternels » et associés à de nombreuses maladies ne seraient majoritairement pas indiqués dans la liste des ingrédients. Qu’en est-il en France et au sein de l’UE ?

Les substances perfluoroalkylées, ou perfluorés, ou encore PFAS, sont une famille de perturbateurs endocriniens au-devant de l’actualité. En Europe, la campagne de l’ONG suédoise ChemSec « No to PFAS » a conduit un certain nombre de grandes entreprises à bannir ces substances de leurs produits.

Peu après la publication de cette étude, la loi « No PFAS in Cosmetics Act » a été introduite à la Chambre et au Sénat américains pour interdire tous les PFAS dans les produits de maquillage et de soins personnels. En Europe, suite à la publication de la stratégie de l’Union européenne pour la durabilité dans le domaine des produits chimiques, la Commission européenne devrait réviser le règlement sur les cosmétiques. Alors que la législation européenne interdit déjà de nombreux ingrédients dangereux pour la santé, des progrès importants restent encore à faire, notamment sur la question des perturbateurs endocriniens, mais aussi de nombreux autres aspects.

Un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) de 2020 avait montré les carences du dispositif institutionnel français dans le domaine des cosmétiques et le danger pour cette industrie de ne pas prendre en compte suffisamment la question des toxiques chimiques. « Opacité regrettable », indiquait le rapport. La réglementation européenne fait reposer la sécurité de ces produits chimiques en premier lieu sur les opérateurs économiques. Or les constats des autorités françaises font apparaître des anomalies pouvant mettre en jeu la sécurité des consommateurs, et des pratiques perfectibles de fabrication et d’évaluation du risque. Certaines substances – nanoparticules, perturbateurs endocriniens, par exemple –, soulèvent en outre des questions délicates d’évaluation des risques.

L’organisation française doit être renforcée de façon à préserver la population du danger chimique et à contribuer par son expertise à l’évolution du cadre européen sur les produits cosmétiques, en particulier sur les rouges à lèvres.

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