Le rendez-vous du mois

Boris Marcel

Racontez-nous l’histoire des Cols verts, des premiers pas au collectif actuel.

Tout a commencé par une rencontre entre Emmanuel Kasperski, actuel président du réseau Cols verts et moi-même. Après avoir développé une première expérimentation à Valenciennes, celui-ci m’a proposé d’initier un réseau pour développer des initiatives en faveur de la transition alimentaire, de l’agriculture urbaine et de la biodiversité. Avec l’équipe, nous avons ainsi œuvré à déployer des actions à Montpellier, en Martinique, à Rennes ou encore à Strasbourg.

 

Agriculture urbaine, une drôle d’idée… Comment sélectionnez-vous les lieux à cultiver en ville, un milieu qui, a priori, en dispose peu ?

Nous prenons en compte différents facteurs lorsque l’on souhaite monter un projet d’agriculture urbaine. Tout d’abord, il est nécessaire d’avoir une volonté politique locale. Ensuite nous étudions la politique foncière du territoire et la possibilité de nous intégrer dans un quartier prioritaire. En effet, nous souhaitons, à travers nos actions, à la fois favoriser la transition alimentaire et l’éducation aux enjeux environnementaux, mais aussi proposer une alimentation saine et locale à des personnes en situation de précarité alimentaire. Enfin, nous travaillons énormément avec nos partenaires sociaux pour nous intégrer au mieux sur le territoire, et nous mettons en place des solutions low tech lorsque la terre est malheureusement polluée.

 

Cultiver son jardin entre voisins, voilà une formidable fabrique de lien social. Êtes-vous les lointains héritiers des jardins ouvriers apparus à la fin du XIXe siècle à l’initiative de l’abbé Lemire ?

D’une certaine manière, oui. Aujourd’hui il existe de très nombreuses manières de cultiver en ville. Jardins partagés, jardins familiaux, fermes urbaines pédagogiques…, toutes ces initiatives n’ont pas la prétention de nourrir la ville, même si elles peuvent contribuer à fournir des aliments frais et locaux à une population qui n’en bénéficie pas toujours.

 

Plus court qu’un circuit court, et bio en plus…

Au-delà de l’agriculture urbaine, c’est effectivement tous les jalons de la transition alimentaire que nous souhaitons promouvoir : mise en place d’un groupement d’achat, vente en circuit court, atelier cuisine sur l’alimentation végétale, lutte contre le gaspillage alimentaire ou encore valorisation des biodéchets en compost, les services que nous mettons en place sont « de la fourche à la fourchette ».

 

Quels sont vos trois objectifs ?

Le premier, reconnecter les urbains aux enjeux environnementaux et promouvoir la transition agricole et alimentaire. Nos fermes urbaines sont donc conçues comme des supports pédagogiques s’adressant à divers publics.

Le second, susciter un maximum de vocations dans les métiers agricoles de demain. En effet, un grand nombre d’agriculteurs vont partir à la retraite d’ici dix ans et nous pensons que la nouvelle génération se situe en partie en ville.

Enfin, troisième objectif, apporter un mieux-vivre aux personnes résidant en quartier prioritaire, que ce soit à travers un espace de nature, des activités favorisant du lien social, ou encore des produits frais et de saison vendus à tarif réduit.

 

Vous proposez aussi des formations pour les apprentis jardiniers qui résident en ville. Comment cela se déroule ?

La plupart des formations que l’on propose sont gratuites et se situent sur nos fermes. Elles concernent aussi bien la découverte du potager, les pratiques biologiques, la mise en place d’un compost ou encore la biodiversité. Nous avons également créé une formation gratuite et en ligne sur l’agriculture urbaine, un cours qui a touché quasiment 25 000 personnes en deux ans. Chaque année, une session de cours en ligne est organisée. Enfin, nous venons de créer une nouvelle formation de trois mois, intitulée « à la découverte des métiers de la fourche à la fourchette », qui s’adresse aux demandeurs d’emploi et qui vient de se clôturer à Rennes.

 

Et si je veux créer un nouveau collectif dans ma ville ?

Créer un collectif est assez engageant. En effet, nous recherchons des moutons à cinq pattes qui savent tout aussi bien maîtriser les composantes principales de la gestion de projet, mais également appréhender les enjeux propres à la transition alimentaire et à l’agriculture urbaine. En effet, un collectif Cols verts est porté par une ou plusieurs personnes souhaitant en faire leur métier, et le réseau met un maximum d’outils à leur disposition pour assurer une implantation réussie. Enfin, une politique favorable à ce type d’implantation reste un élément crucial pour la réussite du projet.

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Maria Nieves Castejon

infos : www.camarguecoquillages.fr