mise au point - fuite radioactive en Norvège
Depuis quelques jours circulent sur les réseaux sociaux des messages très inquiétants où l’on apprend que la Norvège contamine toute l’Europe avec de l’iode 131 radioactive depuis plusieurs semaines.
Il y a bien eu, le 24 octobre 2016 à 13 h 45, un incident significatif sur le réacteur nucléaire de l’IET (Institut technologique de l’énergie) à Halden, au sud-est d’Oslo, en Norvège, lors de manipulation du combustible usé. L’Autorité norvégienne de protection radiologique a signalé cet incident dans un communiqué du 25 octobre 2016. Cet incident, qui a conduit à évacuer le personnel de la centrale, a entraîné des rejets radioactifs dans l’atmosphère. Les autorités norvégiennes ont estimé le rejet à 150 millions de becquerels pour l’iode 131 et 24 millions de becquerels pour l’iode 132. A noter que le communiqué ne précise pas comment ces estimations ont été effectuées, ni leur niveau de fiabilité. On peut s’étonner d’ailleurs du fait que les autorités n’aient pas fait état des autres substances radioactives susceptibles d’avoir été rejetées (tritium, carbone 14, gaz rares radioactifs). Heureusement, la situation a pu être maîtrisée.
Cet « incident » d’octobre 2016 pose de nombreuses questions sur le plan de la sûreté (origine de l’incident), du défaut de transparence (l’exploitant n’a déclaré l’incident que 20 heures après), des insuffisances de la métrologie (pas d’évaluation de l’ensemble des rejets radioactifs). L’ONG norvégienne Bellona avait fait part, en 2004, d’inquiétudes sur la sûreté et dénoncé des fuites d’eau lourde et des rejets élevés de tritium (isotope radioactif de l’hydrogène). En ce qui concerne les rejets d’iode 131 du 24 octobre, si les stations de mesure de l’iode 131 sous forme particulaire situées à Osteras, à une centaine de kilomètres au nord-ouest de Halden, et à Arland, à 500 kilomètres au nord, n’avaient pas mis en évidence d’impact mesurable, on peut déplorer l’absence de mesure de l’iode 131 sous forme gazeuse, qui est dans de nombreux cas prépondérante par rapport à la forme particulaire. Il serait également souhaitable que des analyses indépendantes soient effectuées au voisinage du réacteur de Halden, afin d’évaluer les niveaux d’exposition des riverains (analyses d’air, sol, précipitations et chaîne alimentaire).