L’histoire des plantes et l’histoire des hommes sont intrinsèquement liées. C’est bien simple, sans elles, nous n’existerions pas. Un constat évident, et tragique à la fois.
Évident, car qu’il s’agisse des hommes ou des animaux, tous les organismes vivants se nourrissent d’éléments issus des plantes, respirent grâce aux plantes, se soignent grâce aux plantes. Elles permettent aussi de créer des îlots de fraîcheur, filtrent les polluants atmosphériques, protègent de l’érosion des sols… Pour toutes ces raisons et bien d’autres encore, sans les plantes, il n’y aurait pas de vie sur terre.
Tragique, car la nature souffre de la mainmise de l’homme qui pille ce patrimoine sacré.
Hasard de l’actualité, nous clôturons ce numéro sur les plantes médicinales et comestibles juste au moment où Emmanuel Macron, lors de son allocution à l’occasion de la présentation de sa stratégie pour accélérer la réindustrialisation de la France, a jeté le trouble en appelant à une « pause réglementaire européenne » sur les normes environnementales. Ce qui a à juste titre indigné bon nombre d’écologistes, élus, associations. Cette formule aussi laconique que brutale pose un certain nombre de problèmes et d’interrogations. Au niveau sémantique, d’abord : que signifie marquer une « pause réglementaire » ? Et d’un point de vue institutionnel ou législatif, à quoi renvoie concrètement une pause réglementaire européenne en matière environnementale ? Un flou total, méritant d’être clarifié, qui laisse entrevoir un déficit de volonté autour des véritables enjeux climatiques à la même période où la France a atteint son Jour du dépassement (5 mai 2023).
Cet appel fait évidemment écho, à plus petite échelle, à notre thématique du mois car il va à l’opposé de nos questionnements de fond et de cause citoyenne : quelles actions mettre en place pour adopter un mode de vie plus sain tout en protégeant les écosystèmes, comment cueillir les plantes raisonnablement et de manière responsable ou encore comment pratiquer une herboristerie locale, de terroir, et plus écologique…
Pendant que le gouvernement souhaite ménager une pause dans les mesures en faveur de l’environnement et nous parle de « réindustrialisation » et de « croissance verte », persuadé de pouvoir conjuguer développement économique et écologie, nous aimerions plutôt entendre parler de « décroissance » et le voir se plier en quatre pour atteindre ses objectifs climatiques.
L’environnement sera-t-il toujours un concept futile ou monétaire lorsque l’on commencera à suffoquer ou à se noyer ? Outre la beauté que les plantes procurent à notre planète, il est plus que jamais nécessaire de s’intéresser à elles, et de leur donner toute notre attention. Première étape, avec le numéro de juin !