Vous avez créé Caroubes Occitanes afin d’étudier et d’expérimenter, avec d’autres producteurs, le potentiel de cette plante. Quels sont les premiers résultats ? La caroube est-elle destinée à s’implanter dans le sud de la France ?
Les premiers résultats des essais menés par Caroubes Occitanes sont prometteurs. Avec le soutien du Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement), un important travail de recherche a été réalisé pour identifier et sélectionner des plants endémiques du pourtour languedocien, adaptés au climat et aux sols locaux. Le caroubier se révèle être une plante ayant une bonne résistance à la sécheresse et une croissance régulière sur des sols pauvres. C’est une culture pérenne, qui nécessite peu d’intrants et bénéfique pour la biodiversité.
Aujourd’hui, nous comptons près de 6 000 plants en pépinière.
La crise climatique complique de plus en plus la viticulture. Malgré les épisodes pluvieux dans l’Aude avant l’été, les vignes souffrent toujours de sécheresse. Des viticulteurs audois ont récemment développé la culture de l’aloe vera. Selon vous, la diversification est elle devenue indispensable ?
Absolument. Et cela ne date pas d’hier. Olivier de Serre, dans le Théâtre d’agriculture et mesnage des champs (1600), soulignait déjà productions agricoles. C’est le bon vieux sens paysan, moderne de la vigne. Il est urgent de revenir à diversification.
Vous avez vous-même arraché 40 ha de vignes. Est-ce un renoncement définitif à la viticulture ?
Non, je n’ai pas renoncé à la vigne. Je l’ai juste remise à sa place, autrement dit, je l’ai simplement replacée dans un équilibre plus viable. On n’abandonne pas aussi rapidement la culture de la vigne et son cycle, mais force est de constater que sur certains terroirs très secs, elle a atteint ses limites. Il faut donc la remplacer pour éviter une fermeture du milieu propice aux incendies et aux sangliers.
Peut-on recenser d’autres cultures de caroube ailleurs en France ?
Oui, je ne suis pas le premier. Quelques réalisées depuis quelques années dans le Carcassonnais ou près de Béziers, dans le Gers même. Mais, à ce jour, aucun projet n’a l’ampleur pédagogique et expérimentale avec Caroubes Occitanes dans la zone du Grand Narbonne.
Le caroubier est réputé peu exigeant en entretien et serait assez résistant maladies. Est ce une réalité que vous avez pu confirmer sur le terrain ?
Il y a effectivement beaucoup d’avantages. Les premières années, il demande beaucoup de soin, arrosage et préparation du terrain. Il faut favoriser l’enracinement pour la production future qui intervient au bout de quatre ans. Les
sujets endémiques ne sont pas atteints par les maladies et poussent sur des terroirs extrêmement vigilant afin de ne pas introduire de ravageurs avec des souches exotiques.
Quels types de débouchés offre la gousse de caroube ?
La caroube est une ressource étonnamment polyvalente. La gousse de caroube va fournir graines : à partir de ces dernières, on extrait la gomme de caroube (ou E410), un épaississant naturel utilisé dans l’industrie agroalimentaire et pharmaceutique, notamment dans les médicaments ou les plats préparés
Quant à la pulpe de la gousse, une fois séchée, broyée et parfois torréfiée, elle peut être cacao. C’est un remplacement très intéressant, surtout quand on connaît les problématiques sociales et environnementales liées à la production mondiale de cacao. La caroube permet donc de concilier agriculture durable, innovation alimentaire et respect de l’environnement.
















