cancer du sein - « Octobre rose » deviendra-t-il vert ?

Comme chaque année, octobre a été « rose » : comprenez « dédié à la lutte contre le cancer du sein », ou plutôt à la promotion du dépistage du cancer du sein et à toutes sortes d’actions visant à parler de la maladie, qui touche aujourd’hui 1 femme sur 8. Cancer le plus courant chez les femmes mais aussi le plus mortel, avec 12 000 décès annuels, le cancer du sein mobilise à juste titre. En parler, c’est bien mais prévenir les causes de la maladie serait nettement mieux. A ce titre, un verdissement de la vague rose serait plus que bienvenu : les causes environnementales de la maladie sont en effet systématiquement les oubliées d’Octobre rose.

En 2014, lors du colloque Cancer du sein et environnement que l’ONG WECF France (Women engage for a common future) avait organisé à Lyon, l’institut Silent Spring a notamment élaboré et publié une base de données sur les cancérogènes mammaires. On y trouve divers composés tels que des pesticides, des produits chimiques industriels, des ingrédients de médicaments, des teintures pour cheveux, des hormones, des solvants chlorés, des produits naturels, etc. Des perturbateurs endocriniens font partie de ces produits !

Cependant, qu’en est-il de la prévention primaire, en particulier celle qui va au-delà des facteurs individuels ? Que penser des campagnes invitant à acheter des cosmétiques pouvant potentiellement contenir des ingrédients perturbateurs endocriniens ou cancérogènes pour « lutter contre le cancer du sein », ou de certaines entreprises qui se mobilisent tout en commercialisant des substances mises en cause dans la maladie ? Aux Etats-Unis, ces actions sont dénoncées par le projet Think Before You Pink initié par l’association Breast Cancer Action (Californie).

En France, comme dans de nombreux pays, les facteurs comportementaux individuels sont mis en avant. En témoigne le site de l’Inca, Institut national du cancer : « L’âge et le sexe : principaux facteurs de risque de cancers du sein » (1) – un truisme ! Cerise sur le gâteau, l’Inca préconise une série de « gestes simples » : ne pas fumer, ne pas boire et faire plus d’exercices ; basta ! Le rôle des facteurs hormonaux est à peine évoqué (« cancérogènes dans la fumée du tabac, l’alimentation, l’amiante (…) ») mais rien d’autre.

Sans remettre en cause la nécessité d’un dépistage précoce, un taux de surtraitement important a été mentionné dans des études publiées ces dernières années ; le dépistage mammographique révélant souvent des lésions que l’on aurait mieux fait d’ignorer… (2)

 

1. Source : « Lutter contre le cancer du sein : des petits gestes pour prévenir près de 20 000 cancers par an », Inca, septembre 2019.
2. NDLR : Sources : Autier Philippe et al., British Medical Journal, 2017. Thomas Elizabeth T. et al., BMC cancer, 2017.

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