cadmium : les médecins libéraux appellent à agir
En perspective de la Journée mondiale de l’environnement qui s’est tenue le 5 juin, les Unions régionales des professionnels de santé (URPS) médecins libéraux ont souhaité présenter les travaux menés depuis de longs mois par un groupe de travail dédié à la santé environnementale, et focalisé notamment cette année sur la thématique du cadmium, véritable fléau de santé publique.
Le cadmium, métal lourd cancérigène, est omniprésent dans notre environnement et peut entraîner des risques pour la santé. L’Homme y est principalement exposé via l’alimentation, notamment les produits de base comme les céréales, pommes de terre, pâtes, pain et produits de panification.
Cette contamination de l’alimentation est liée aux engrais importés en France, venant d’une région du monde où la présence de cadmium est trop importante pour les objectifs sanitaires. Les sols accumulent le cadmium qui ne peut en sortir que par les plantes. Il pénètre alors facilement dans les végétaux par leurs racines et entre ainsi dans la chaîne alimentaire. Ayant une durée de vie très longue (10-20 ans), le cadmium s’accumule dans le foie et les reins, et sa présence dans l’organisme augmente avec l’âge.
Chez les adultes français, l’imprégnation moyenne au cadmium mesurée a quasiment doublé entre l’étude Esteban (2014-2016) et Enns (2006-2007) – 0,57 contre 0,29 µg/g de créatinine). Les seuils critiques d’exposition commencent dès 0,5 µg/g de créatinine.
Elle est trois fois supérieure à celle des adultes américains et plus de deux fois à celle des adultes italiens.
Chez les enfants, la dose moyenne de l’étude Esteban dépasse la valeur moyenne des adultes de Enns et la comparaison avec les pays similaires est très défavorable : quatre fois supérieure à celle des enfants américains ou allemands par exemple.
Face à ces données chiffrées, et à la suite de différentes mises en lumière médiatiques intervenues depuis le début de l’année 2025, les URPS médecins libéraux souhaitent agir, via deux axes :
– mettre en place une campagne d’information dans les cabinets libéraux sur l’existence de la contamination et les sources possibles de celles-ci (par exemple : les facteurs favorisant la contamination, comme la carence martiale, susceptible de toucher près de 25 % des femmes ménopausées…). Les médecins libéraux souhaitent ainsi cibler les personnes les plus à risque pour mettre en place des stratégies de dépistage des pathologies ;
– saisir le gouvernement via un courrier dédié pour demander un alignement le plus rapide possible sur les recommandations de l’Anses sur la charge en cadmium maximale des engrais phosphatés. L’Anses précise que cette valeur permettra la stabilisation de la contamination seulement après plusieurs décennies.