agriculture : l’AB meilleure alliée de la biodiversité
Pendant deux ans et demi, 29 experts affiliés à neufs organismes ont étudié près de 1 200 références bibliographiques pour faire un état des connaissances sur l’impact des modes de production labellisés sur la biodiversité.
L’étude BiodivLabel commanditée à Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) et à l’Ifremer (Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer) portait donc sur l’analyse de 13 labels – AB, AOP, ASC, Bleu-Blanc-Cœur, le Certified Sustainable Palm Oil (CSPO), HVE, Demeter, Pêche durable, Label rouge, MSC, Nature & Progrès, Rainforest Alliance et Round Table on Responsible Soy (RTRS).
Les analyses des pratiques et labels agricoles portent ainsi sur des résultats favorables à l’augmentation de la biodiversité sauvage à partir du niveau de référence de l’agriculture dite conventionnelle ; à l’inverse, pour la pêche et l’aquaculture, les analyses portent plutôt sur les pratiques défavorables, selon leur impact sur la biodiversité existante et sur le fonctionnement des écosystèmes naturels, par rapport à des niveaux de référence de bon état écologique.
Les experts ont identifié les impacts favorables ou défavorables des différentes pratiques sur la biodiversité, et examiné les cahiers des charges des labels du point de vue de ces pratiques. Pour l’agriculture, 8 pratiques ont été identifiées comme favorables avec un indice de confiance fort : la présence dans le paysage agricole d’éléments semi-naturels (haies, mares, bois, jachères, bandes fleuries…) et de prairies, les rotations diversifiées, l’absence de traitement avec des pesticides de synthèse, la réduction du travail du sol, la fertilisation organique, l’implantation de couverts végétaux et les cultures associées. Pour la pêche, des impacts négatifs ont été identifiés pour certaines pratiques : la surpêche, l’abrasion des fonds marins, les captures accidentelles d’espèces sensibles ou protégées… Pour l’aquaculture, des impacts négatifs ont été associés à l’introduction d’espèces exotiques en milieu naturel, à la forte densité des élevages…
L’analyse des cahiers des charges atteste de l’effet positif des labels d’agriculture biologique (règlement européen bio, Demeter et Nature & Progrès) sur la biodiversité car ce sont ceux qui intègrent le plus de pratiques identifiées comme favorables, de manière exigeante et ambitieuse. Pour la pêche, les labels MSC et écolabel Pêche durable apportent des garanties de non-surpêche et de bonne gestion des espèces commerciales qu’ils ciblent, mais il reste difficile de pleinement mesurer et limiter l’ensemble des impacts d’une pêcherie sur la biodiversité et sur les écosystèmes au sens large. Pour l’aquaculture, la littérature scientifique est limitée et les cahiers des charges ciblent bien les principaux impacts identifiés mais restent peu exigeants, notamment sur la limitation de la densité d’élevage qui apparaît comme un facteur déterminant pour les niveaux d’impact.