cantines : 8 mairies retirent le thon
Dans les pas de la mobilisation des ONG BLOOM, foodwatch et Banlieues Climat dénonçant le simulacre des normes sanitaires concernant la contamination du thon au mercure, huit mairies s’engagent à protéger ce qui devrait l’être en priorité : la santé des enfants.
Les révélations de foodwatch d’octobre 2024 ont montré qu’alors que le thon est l’une des espèces les plus contaminées au mercure, la Commission européenne et les États membres avaient fixé les limites maximales de mercure dans ce produit bien au-delà des limites pour les autres espèces de poisson. Depuis, les ventes de thon ont chuté, et le blanc-seing accordé aux industriels du thon concernant la teneur en mercure de leurs produits vacille : la Commission européenne consulte depuis décembre 2024 les États membres sur une éventuelle révision de la norme. Malgré une réponse citoyenne sans précédent et la signature d’une pétition par près de 60 000 personnes, le gouvernement français a déclaré ne pas avoir l’intention d’agir pour revoir les normes à la baisse.
Face à l’inaction de l’État, les élu·es locaux des communes de Bègles, Grenoble, Lille, Lyon, Montpellier, Mouans-Sartoux, Paris et Rennes se posent en bouclier sanitaire pour protéger les enfants. Dans un communiqué de presse collectif publié le 28 août 2025, les communes prennent la responsabilité que la France refuse d’assumer, en retirant le thon des cantines scolaires tant que ce poisson reste autorisé avec des teneurs en mercure possiblement nocives pour la santé. Les mairies appellent les ministères de la Santé, de l’Agriculture et les parlementaires à agir sans délai et à se positionner clairement en faveur d’une norme véritablement protectrice de la santé au niveau européen et français. D’ici là, les municipalités maintiendront le retrait du thon des menus scolaires.
Cet engagement est d’autant plus important que, là où les responsables politiques nationaux tardent à agir, les industriels redoublent d’efforts pour préserver leurs parts de marché. Et ce sans avoir adopté de nouveaux seuils plus protecteurs dans leurs produits. À rebours de toute précaution, la marque Petit Navire a par exemple lancé durant l’été une campagne de communication massive pour promouvoir ses produits, y compris auprès des jeunes. Ciblant étudiants, jeunes parents et sportifs, la marque a déployé de grandes fresques publicitaires dans le métro parisien et les gares, diffusé des spots dans les cinémas, multiplié les collaborations avec des créateurs et créatrices de contenu sur les réseaux sociaux, et s’est invitée jusque dans le monde du sport (Climbing District Saint-Lazare) et des festivals (Les Déferlantes, Francofolies).
L’irresponsabilité de l’industrie et l’immobilisme de la France doivent cesser. Les associations se joignent aux communes et demandent aux ministères de la Santé, de l’Agriculture, et aux parlementaires français de défendre à Bruxelles et au niveau national un abaissement de la limite maximale de mercure dans le thon à 0,3 mg/kg.